Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée
176
ÉTIENNE DOLET

jusqu’à Lyon ; il avait l’intention de publier ce qu’il avait écrit contre Toulouse, ainsi que des lettres et de très jolies odes qu’il a adressées à différentes personnes. Il songeait ainsi, au moyen de sa plume, à se venger des insultes dont il avait été l’objet à Toulouse. Mais il n’était pas plus tôt arrivé ici, qu’une grave maladie, dont il n’était pas bien remis, dégénéra rapidement en une fièvre quarte. Vous qui connaissez si bien la force et la noblesse de son esprit, et qui le savez capable de mépriser et même de tourner en dérision les malheurs qui l’accablent, vous pourrez vous faire une idée de l’énergie avec laquelle il a combattu les effets de la maladie. A la fin pourtant, fatigué des combats perpétuels qu’il avait à livrer contre l’injustice du sort, il abandonna le projet de publier ses œuvres et ne pensa qu’à trouver un moyen de se rétablir aussi vite que possible. C’était pour moi une source de chagrin profond de voir que la publication, qui allait donner quelque éclat au nom de notre ami, fût retardée plus longtemps, et ce qui me tourmentait encore, c’était de voir que ceux qui l’avaient outragé par leurs insultes pussent continuer à s’élever contre lui impunément. Vous savez maintenant ce que j’ai fait pour défendre la réputation d’un homme que j’aime, et c’est à vous de juger si je mérite des louanges ou des reproches. Je me suis emparé du manuscrit des deux discours qu’il prononça à Toulouse devant une affluence d’auditeurs inconnue jusqu’alors ; le sujet qu’il y traitait n’était nullement cherché ou imaginaire, mais réel, puisqu’il lui était fourni par les circonstances. J’ai encore dérobé deux livres d’épîtres qui correspondent merveilleusement avec les arguments des discours ; et enfin, rendu plus avide par une aussi belle proie, j’ai recueilli deux livres de poésies latines, et je publie aujourd’hui tout cela sans l’avis et même à l’insu de celui qui en est l’auteur. Qu’en pensez-vous ? J’attends votre jugement.»

Le reste de la lettre est une défense de la conduite de Finet, on y trouve aussi des louanges exagérées à l’adresse