Page:Christie - Étienne Dolet, trad. Stryienski, 1886.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
CHAP. IX. — LYON

d’entre eux se distinguaient par leur capacité et leur talent. Symphorien Champier, aussi excellent médecin que bon littérateur, s’occupait tantôt à fonder une école de médecine, tantôt à déchiffrer et à mettre en ordre les vieilles chroniques ; Benoît Court, dont les charmants commentaires sur les Arresta Amorum nous offrent un des premiers spécimens de cette finesse spirituelle dans laquelle les écrivains français devaient tant exceller depuis ; Maurice Scève, poète et antiquaire, dont les louanges ont été chantées par des hommes si différents, par Marot, par Du Bellay et par La Croix du Maine ; son cousin, Guillaume Scève, qui se consacrait aussi à la littérature ; Charles de Sainte-Marthe, poète, théologien et réformateur ; Guillaume de Choul, dont la collection de monnaies et d’antiquités romaines était la seule qui, de ce côté-ci des Alpes, était digne d’être appelée une collection, et dont l’ouvrage sur la castramentation des Romains fit autorité pendant deux siècles ; Charles Fontaine, dont les critiques littéraires étaient toujours marquées au coin de l’à-propos et du bon sens, encore que nous ne puissions lui accorder comme poète le haut rang que ses contemporains lui assignaient ; Barthélemi Aneau, dont le Mystère de la nativité est considéré par plusieurs comme le prototype de l’opéra français ; Sanctes Pagnini, le grand hébraïsant, qui avait été élève de Savonarole ; tous ces hommes vivaient alors à Lyon, où ils passèrent la plus grande partie de leur existence ; ils formaient une réunion de lettrés qui, en dehors de Paris, ne pouvait trouver d’égale. Cependant toutes ces illustrations étaient de beaucoup éclipsées par les hommes plus remarquables encore qui résidèrent à Lyon pendant un temps plus ou moins long, et dont quelques-uns y firent plus d’un séjour prolongé.

François Rabelais, Clément Marot, Michel Servet, Bonaventure des Périers, Salmon Macrin, Hubert Sussanneau, Nicolas Bourbon de Vandœuvre, passèrent tous plusieurs années de leur vie à Lyon, de 1530 à 1540 ; et Érasme, Robert Estienne, Pole, Sadolet, Calvin, Théodore de Bèze, Antoine de Gouvée,