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CHAP. VIII. — GUILLAUME BUDÉ ET JACQUES BORDING

peine, sachant que si vous étiez sain d’esprit vous seriez sain de corps.

«Un certain Omphalius vient d’arriver de Paris, il a une réputation de grand savant. Je ne l’ai pas encore vu ; lorsque je l’aurai rencontré, je vous récrirai. Adieu.

« Toulouse, 13 juin[1]

Une semaine plus tard Dolet écrivit au même ami :

« La gravité de la maladie qui m’a torturé jusqu’ici m’a empêché de répondre plus tôt à votre lettre ; quoique mon état se soit amélioré jusqu’à un certain point, et que je me sois débarrassé de mon mal, je ne suis pas encore rétabli ; je n’ai pas recouvré mes forces physiques, mais je prends soin de moi et j’ai bon espoir que Dieu m’accordera quelque secours et que bientôt, grâce à la nature, je me débarrasserai de mes souffrances.

«Vous aurez peine à croire quel grand plaisir les lettres de mes amis me procurent dans ma retraite et surtout les lettres de ceux qui, tout en m’exprimant leur affection, se distinguent par une pureté et une élégance de style peu ordinaires. C'est en quoi vous, vous excellez particulièrement et j’ai tout espoir qu’un jour vous serez aussi du nombre de ceux qui se distinguent par leur éloquence, à moins que cependant la bêtise de Bartholus et d’Accursius ne vous empêche de rechercher cette gloire. Ce que je crains, c’est que, habitant une ville hostile à l’éloquence, vous ne soyez de moins en moins disposé à cultiver l’art oratoire, et que vous ne soyez porté à traiter la littérature avec un peu trop de mépris et de dédain.

« Je suis ravi d’apprendre que l’on ressent quelque affection pour moi et que j’ai laissé parmi les honnêtes gens un souvenir agréable. N’est-ce pas une preuve que seuls les méchants me haïssent ? J’apprends que Drusac, toujours plus aigri, ne cesse de presser le parlement de publier un édit

  1. Orat dux, p. 174.