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ÉTIENNE DOLET

dire, je laisse ce soin à ceux qui placent la vertu au-dessous de la naissance. Je fus élevé convenablement à Orléans, à l’âge de douze ans j’allai à Paris, où j’acquis les rudiments de mon instruction et où j’étudiai avec application tout ce qu’on a l’habitude d’enseigner aux jeunes gens pour développer leur intelligence. Je cultivai mon esprit pendant cinq ans, m’adonnant surtout à l’étude de Cicéron. Mais bientôt, désirant m’exercer dans l’art oratoire, je me rendis en Italie ; je passai trois années à Padoue dans l’intimité de Simon Yillanovanus ; à la mort de ce dernier je perdis un ami si cher et un homme qui m’était d’un si grand secours pour mes études que je songeai à revenir immédiatement en France. Je fus retenu en Italie pendant quelque temps encore, cédant à la prière de Jean de Langeac, qui, à cette époque, remplissait la charge d’ambassadeur de France à Venise, et qui m’employa pour écrire des lettres au souverain pontife et à d’autres personnages.

«Je passai donc une autre année en Italie ; et quand l’ambassade eût pris fin, je retournai en France en compagnie de l’ambassadeur, moins ignorant et plus épris de l’étude de l’éloquence que lorsque j’avais quitté mon pays. Vous savez maintenant, je crois, la plus grande partie de mon histoire, je vous dirai le reste en peu de mots. Depuis que je suis de retour je poursuis résolument les travaux que j’ai commencés dans ma jeunesse. Je m’occupe de littérature, et comme, dès le premier jour, j’ai choisi Cicéron, entre tous les auteurs latins, comme modèle, j’écris maintenant des commentaires sur la langue cicéronienne, y ajoutant aussi des exemples du langage pur de Salluste, de César, de Térence et de Tite-Live. Cet ouvrage paraîtra à son heure avec mes autres travaux.

« Je laisse de côté le second acte de mon drame et je passe au dernier. Suivant l’avis de mes nombreux protecteurs et amis lesquels m’aident toujours de leurs excellents conseils et désirent que je me couvre de gloire et que j’aspire à la plus