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CHAP. VIII. — GUILLAUME BUDÉ ET JACQUES BORDING

Notre ami Jean de Pins souffre de violentes attaques de goutte et rien ne semble pouvoir calmer son mal, si bien que depuis deux jours c’est à peine s’il a pu respirer et dormir. Je vous donnerai de plus amples détails dans ma prochaine lettre. C’est à votre tour maintenant de me renseigner aussi amicalement et aussi souvent que possible sur tout ce qui vous concerne ; dites-moi tout au long avec qui vous êtes surtout lié, quelles sont vos amitiés, où en sont les études a Paris ; faite-moi savoir dans quelle mesure on y cultive la littérature grecque, nommez-moi ceux que vous suspectez, ceux que vous méprisez, ceux que vous admirez et ceux que vous négligez ; dites-moi quels sont les gens qui sont réputés pour leur éloquence maintenant, et ceux qui, selon vous, ont atteint le sommet de la montagne ; en un mot, si vous m’écriviez tout ceci dans une lettre amicale, je la recevrais avec plaisir et je vous en serais reconnaissant ; je me considérerai toujours comme votre obligé si vous m’accordez une aussi grande faveur.

« On dit ici que vous êtes très intime avec Budé, je vous félicite bien cordialement d’avoir gagné l’amitié d’un homme aussi éminent et je vous demande instamment de me recommander à sa bienveillance. Adieu. Aimez-moi et rappelez-vous que je vous aime plus que tout autre.[1] »

Bording répondit à cette lettre dans le ton et l’esprit que premières épîtres pouvaient faire prévoir.

Jacques Bording à Etienne Dolet :

« J’ai reçu votre lettre ainsi que celle que vous avez jointe à la mienne, à l’adresse de Budé. L’assurance que vous me donnez de la grande affection que vous avez pour moi m’a été fort agréable, vous n’en sauriez douter. J’ai lu avec bonheur ce que vous me dites sur notre réconciliation, mais j’aurais voulu, mon cher Dolet, que notre amitié n’eût jamais

  1. Orat. duæ in Tholosam, p93.