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CHAP. VIII. — GUILLAUME BUDÉ ET JACQUES BORDING

alors à Paris et était fort lié avec Budé. On se souvient que ce fut à Bording que Dolet dut d’avoir été présenté à Jean de Pins ; mais bientôt après il y eut un certain froid entre eux et peu à peu leurs rapports cessèrent tout à fait. Lorsque Bording quitta Toulouse pour aller à Paris, il s’engagea à entretenir une correspondance littéraire avec Dolet. Cependant quelque faux ami fit croire à Dolet que Bording avait censuré sa conduite et s’était mis du côté de ses ennemis. Cette affirmation, qui semble être dénuée de tout fondement, blessa la suffisance et la susceptibilité de Dolet, et, après un échange de quelques lettres empreintes d’une animosité non dissimulée de la part de ce dernier, les deux amis cessèrent de s’écrire pendant quelque temps. Nous ne pouvons pas ne pas être surpris que Dolet ait livré cette correspondance à l’impression, car elle lui fait le plus grand tort ; les lettres de Bording sont pleines de sentiments d’amitié et de bon sens, et font un contraste frappant avec les épîtres blessantes et irritées de Dolet. La publication de cette correspondance nous prouve que les cicéroniens de l’époque se préoccupaient bien plus de la forme que du fond. Pourvu seulement qu’un écrit eût le ton cicéronien reconnu, il donnait à son auteur des droits à l’admiration, quelque outrageants que fussent les sentiments exprimés, et quelque défectueux que fût le sens des phrases.

L’excellent évêque de Rieux avait été fort peiné de la querelle qui s’était élevée entre ses jeunes amis, il supplia Dolet de se reconcilier avec Bording. On ne peut savoir si la lettre suivante fut écrite pour céder aux prières de Jean de Pins ou s’il faut y voir l’effet de l’intimité de Bording et de Budé ; toujours est-il que le 26 novembre 1533 Dolet adressa à Bording les lignes que voici en lui envoyant la lettre qu’il avait écrite à Budé :

« Je crois savoir que vous avez beaucoup de bonté et de bienveillance, et que vous désirez que mes sentiments, qui s’étaient empreints d’une certaine animosité à votre égard, me portent à me réconcilier avec vous. Notre ami Jean de