sonnements qui firent qu’un de ses plus violents ennemis, Franciscus Floridus Sabinus, appela la prison sa patrie (patria Doleti), car, pendant le reste de sa courte vie (treize ans seulement) il ne subit pas moins de cinq captivités qui durèrent en tout cinq ans, sans compter cette incarcération à Toulouse.
Cette première épreuve toutefois ne prit pas un caractère très sérieux et ne fut pas de longue durée. Les présidents du parlement ne partageaient ni l’ignorance, ni les préjugés de leurs subordonnés. Quand on pense que Jacques de Minut était premier président et Jean Bertrandi second président, on a quelque peine à comprendre comment Jean de Caturce a pu être envoyé au bûcher. Bien que leur position ne leur donnât pas le pouvoir de sauver le martyr évangélique des conséquences de son hérésie, elle leur permettait facilement de rendre la liberté au jeune étudiant, dont le plus grand crime était de s’être servi d’un langage peu modéré. À cette époque Dolet, paraît-il, était absolument inconnu des deux présidents. Ce ne fut que quelques années plus tard qu’il fut présenté par le poète Hugues Salet à Bertrandi, et la lettre que Dolet écrivit au premier président semble être adressée à quelqu’un qu’il ne connaît pas. Il est probable que Minut entendit parler de lui et de son emprisonnement pour la première fois, lorsque Jean de Pins écrivit au premier président pour lui recommander Dolet. Le brave évêque souffrait à ce moment d’une grave maladie et sa lettre est écrite de son lit. « Si je ne savais pas, dit-il à Minut, combien vous favorisez les études libérales et les hommes éclairés, je ne vous écrirais pas pour vous recommander Étienne Dolet, jeune homme d’un rare mérite et d’un grand talent, et je ne vous demanderais pas de lui accorder, dans le péril qu’il court, votre haute et impartiale protection, chose que vous feriez, j’en suis sûr. si vous saviez combien son érudition et son intelligence sont remarquables. Je suis certain que le tour ingénieux de son esprit ne vous charmerait pas moins qu’il ne m’a charmé. Il a une connaissance si sûre et si complète de la langue latine qu’il