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CHAP. VII. — L’ORATEUR

Dolet semble alors avoir décidé que Toulouse n’était pas un lieu sûr pour lui. On ne saurait affirmer qu’il fit de grands progrés en droit ; il résolut, si son protecteur, l’évêque Limoges, y consentait et voulait bien lui fournir l’argent nécessaire, de se rendre en Italie en automne et d’aller à Pavie pour y suivre les cours d’Alciat ou bien de retourner à Padoue, qui était, suivant Boyssone, la ville où l’on pouvait le mieux s’adonner tout ensemble au droit et à la littérature. Son ami Clausane, protégé de Langeac comme lui, avait bien voulu l’accompagner, et le Ier mars Dolet écrivit la lettre suivante au prélat :

« L’argent que vous m’avez envoyé m’a été remis par votre frère. Comme j’en avais un besoin pressant, votre générosité envers moi n’en a été que plus grande et plus appréciée. Encore que la bienveillance, dont je suis l’objet de votre part, ne me permette pas de m’adresser à vous avec trop d’insistance, je vous demanderai cependant de continuer à m’aider dans mes études, ce que, jusqu’ici, vous avez bien voulu faire avec tant de libéralité. Je ne vous en dirai pas plus long là-dessus de peur que je ne semble vouloir presser les flancs d’un cheval agile et n’avoir point confiance en votre grande bonté. Je me contenterai d’ajouter que j’ai l’intention de partir pour Padoue au commencement de l’automne afin d’y commencer mon droit et d’y compléter mes études littéraires. En ceci comme en toute chose j’ai besoin de votre aide, mais je n’insisterai pas davantage sur ce point avant de savoir ce que vous pensez de mon projet. Ainsi, comme vous êtes mon appui et le soutien de mes études, je m’en remets entièrement à vous, et je désire savoir aussi promptement que possible ce que vous souhaitez que je fasse, afin d’achever mes préparatifs.

« L’archevêque[1] est depuis quelque temps à Toulouse.

  1. Ce prélat était le cardinal Gabriel de Gramont, si connu dans l’histoire d’Angleterre comme évêque de Tarbes, ambassadeur de François Ier auprès de