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CHAP. VII. — L’ORATEUR

déserteur… Quant à ce que vous me demandez au sujet de Pinache, je ne crois pas me tromper beaucoup en vous affirmant qu’il ne répondra point à votre discours, à moins que toutefois (car il est d’un caractère léger et inconstant) il ne change d’avis. Croyez-moi, il a mis sa lance de côté, et il ne descendra plus qu’à coup sûr dans l’arène. Qu’il aille dire partout, si cela lui plaît, que vous avez répondu à son discours sans y mettre beaucoup de talent, il n’en est pas moins certain que tant qu’il gardera le silence il fera voir qu’il est vaincu par la force de vos arguments. Et pourtant il ne manque pas de gens qui le pressent de continuer le combat, aussi je n’ose pas vous dire positivement qu’il ne changera pas d’avis et qu’il ne se hasardera pas à vous répondre. Adieu, mon cher Dolet, prenez mes légers reproches en bonne part… On ne peut s’attendre à trouver quelque éloquence dans un homme qui, à cause du fardeau que ses cours sur le droit civil font peser sur lui, est exclusivement plongé dans la lecture d’Accursius, de Bartolus, de Baldus et autres commentateurs indigestes. Enfin, il y a une chose que je vous demande tout particulièrement, à savoir que vous vouliez bien, pour le moment, garder pour vous ce que je vous ai écrit au sujet du défenseur de l’Aquitaine. Car il ne conviendrait pas que ce que j’ai confié à votre amitié fût divulgué à ceux qui ne voient partout que calomnie. Pinache m’a demandé de lui montrer votre lettre, mais je lui ai répondu que je vous parlerai de la chose et que je ne lirai la lettre à personne sans y être autorisé par vous. Adieu et aimez-moi toujours. »

Étienne Dolet à Arnoul Le Ferron :

« Il ne faut pas que vous soyez surpris que je n’aie encore rien publié. Sachez que le proverbe : Sat cito si sat bene (proverbe digne d’un homme prudent) a motivé la détermination que j’ai prise. Je verrai bientôt quel est le goût du public en lui offrant un écrit que j’ai tenu secret depuis neuf ans, qui