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ÉTIENNE DOLET

vous saurez qu’il s’y trouve des gens qui sont fort bien disposés à votre égard. Je m’étonne beaucoup que vous tardiez tant à donner au monde un spécimen de votre vaste érudition…

« J’en arrive maintenant à ce passage de votre lettre où vous niez avoir attaqué l’Aquitaine… Vous avez été blessé que votre Gaule fût l’objet des insultes de Pinache, et afin de montrer que vous ne vouliez pas que ces injures restassent impunies, vous avez attaqué l’Aquitaine et vous avez répondu à votre adversaire. Que signifie ce terme de Gascon qui revient toujours dans votre discours ? Vous dites : « Quels sont ceux qui sont assassins ? Les Gascons. Quels sont ceux qui sont voleurs ? Les Gascons. » Vous savez, du reste, mieux que moi, ce que vous avez ajouté encore, car les rires bruyants que firent entendre les Français après toutes ces questions m’ont empêché de vous suivre. Et ensuite, faisant office de chœur, après avoir accueilli ainsi vos paroles, ils se sont écriés, si je suis bien renseigné : « Comme il montre bien l’Aquitaine sous ses vraies couleurs ! »

« Je ne vous dirais pas tout cela, si je ne savais que cette partie de votre discours à laquelle je fais allusion n’avait blessé plus d’un de mes compatriotes gascons et que rien ne pouvait faire plus de plaisir à vos amis français. Combien il eût mieux valu ne rien dire de l’Aquitaine et avoir réservé toute la force de votre éloquence pour combattre votre adversaire… Je n’avance rien que je ne sache, car je connais plusieurs personnes qui, avant le discours, parlaient de vous en termes respectueux et qui maintenant vous sont absolument hostiles ; et je suis sûr qu’il y a beaucoup de gens, même parmi ceux qui ont ri avec vous, que vous ne connaissez pas assez pour voir que leur amitié n’est pas sincère, puisqu’ils font du tort à votre réputation par des propos injustes et violents. Avec quelle ardeur je me suis efforcé de vous défendre, plus d’un Gascon le sait, et, à dire vrai, je crains qu’en voyant l’affection que j’ai pour vous, on ne me considère comme un