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ÉTIENNE DOLET

moqueries des dames de Toulouse, il tâcha de se venger en écrivant une mordante diatribe en vers contre celles qui le persécutaient ; cette satire fut publiée sous le titre de Controverses des sexes masculin et féminin. Conçu dans le plus mauvais goût et écrit dans le plus mauvais style imaginable, cet ouvrage a été placé, par ceux des critiques français qui en ont parlé, au nadir même de cette multitude de mauvais poèmes que, à part quelques brillantes exceptions, produisit le seizième siècle. Néanmoins Drusac se flattait d’avoir composé un traité qui serait un modèle de style et de tous les genres de poésie pour les jeunes gens qui désireraient apprendre à écrire en vers ou à étudier la rhétorique ; le livre devait avoir, en même temps, une très grande portée morale, parce qu’il montrait les méchantes femmes dans leur vrai jour et dévoilait les pièges qu’elles tendent aux naïfs. L’auteur suppose qu’il est en un bois et que le sexe masculin lui apparaît pour venir se plaindre du sexe féminin et le supplier de prendre la défense du sexe masculin outragé et opprimé. Tout d’abord il hésite, mais il consent à la fin ; puis vient ensuite toute une série d’ennuyeuses harangues, dans lesquelles, après avoir dit que les femmes n’étaient pas faites à l’image de Dieu, mais à l’image du diable, il continue en accumulant toutes les accusations qu’il a pu trouver contre les femmes dans tous les auteurs sacrés ou profanes, et en racontant toutes les histoires des méchantes femmes de la Bible, de l’histoire, des œuvres d’imagination en prose et en vers. Et tout cela est un mélange de tous les genres de vers et de rimes, et de toutes les banalités oiseuses et pédantesques dont les anciens arts poétiques français offrent tant d’exemples. « Si tant de puérilités », dit avec raison l’abbé Goujet (Bibl. Franc., vol. XI, p. 187), « jointes à la barbarie du style de l’auteur, dégoûtent de la lecture de son ouvrage, combien devient-il plus insupportable par les excès de sa satire et par les portraits indécents qu’il y a fait entrer » ; lesquels, pouvons-nous ajouter, ne se recommandent ni par leur esprit, ni par leur