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CHAP. VII. — L’ORATEUR

thodoxes. Ce discours semble avoir produit des troubles et des émeutes parmi les étudiants, et les ennemis de Dolet n’eurent aucune peine à l’accuser de favoriser l’hérésie, d’exciter au mépris des autorités, et d’employer un langage propre à troubler la paix. Les biographes de Dolet ont prétendu que son premier emprisonnement suivit de plus près son second discours que cela ne fut réellement. J’ai déjà dit qu’il a dû être prononcé quelque temps avant le 27 janvier 1534, puisque peu de temps auparavant Arnoul Le Ferron écrivit à Dolet pour se plaindre de la violence de ce second discours, et ce ne fut pas avant le 25 mars 1534 que Dolet fut emprisonné.

Pendant cet intervalle il est bien certain que ses ennemis réunirent tous leurs efforts pour le faire jeter en prison, et pour exciter le mécontentement des membres du parlement ainsi que la haine des citoyens fanatiques. Il se montre que quatre personnes surtout se firent remarquer par leurs attaques. On peut pardonner à Pinache d’avoir ressenti violemment les coups de son adversaire ; s’il s’était contenté de prendre pour confident l’illustre Jules-César Scaliger ou même de parler en public avec la même violence et la même aigreur que Dolet, on aurait pu l’absoudre tout à fait, mais il paraitrait que, sentant que son habileté et son savoir ne pouvaient rivaliser avec la vigueur et le talent de son adversaire, il fit une requête spéciale auprès du parlement pour que Dolet fût incarcéré ou exilé.

Toutefois le jeune étudiant s’était fait d’autres ennemis, plus puissants que Pinache. Sa plume avait, sans pitié mais justement, couvert de ridicule le plus grand personnage de Toulouse après le premier président du parlement, et ses vers, bien qu’ils ne fussent pas imprimés, avaient circulé ; le vaniteux et sot dignitaire contre lequel ils étaient écrits en avait entendu parler, s’il ne les avait pas lus lui-même.

Après la réunion du comte de Toulouse à la couronne France, les grands pouvoirs du sénéchal passèrent peu à peu aux mains de son lieutenant général, qui, jusqu’à l’installation