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ÉTIENNE DOLET

statues dans toute la ville, quand la sécheresse de l’été fait désirer la pluie ? Et malgré tout, cette ville, qui sait si mal ce qu’est la foi du Christ, prétend imposer à tous les hommes ses idées chrétiennes, régler toutes les affaires religieuses à son gré, et flétrir du nom d’hérétique, comme s’il avait dérogé à la dignité de la foi, celui qui suit les commandements du Christ avec plus de liberté et en se conformant à leur esprit. »

Puis, dans un passage que j’ai déjà cité en partie, il parle de Jean de Boyssone, de Mathieu Pac, de Pierre Bunel, et d’Otho, le savant italien, et il raconte l’histoire de Jean de Pins et du manuscrit de Josèphe. Les quatorze dernières pages du discours offrent le même caractère ; ce sont surtout des invectives violentes contre la barbarie, la cruauté et la sottise de Toulouse, des injures et des moqueries à l’adresse de Pinache et des autres ennemis de l’orateur, parmi lesquels Maurus est clairement désigné. Il leur reproche d’avoir tenté de le faire mettre en prison, d’avoir excité le parlement contre lui, et d’avoir promené à travers les rues un cochon portant son nom sur un écriteau dans le dessein de le tourner en ridicule.

Nous ne sommes nullement surpris que ce discours ait causé une grande indignation à Toulouse, non seulement dans l’entourage de Pinache et des autres ennemis de Dolet, mais aussi parmi les capitouls et les membres du parlement. Il est certain qu’on devait être fort mécontent de voir un jeune étudiant en droit se permettre de pareilles offenses et de pareilles injures ; et il nous est difficile d’imaginer quelque chose de plus maladroit et de plus insensé que ces allusions au martyre de Jean de Caturce et aux persécutions de Jean de Boyssone. Dolet eût-il même été le plus orthodoxe des catholiques, cette apologie de Caturce n’aurait pas manqué de le faire accuser d’hérésie ; et tout ce qu’il dit des superstitions des Toulousains et de leurs cérémonies, dont il se moque, donna quelque raison de le soupçonner, sinon d’accepter les opinions des hérétiques, du moins de n’aimer pas celles des or-