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ÉTIENNE DOLET

et d’une certaine gravité, mais je nie absolument que je sois devenu morose parce que j’ai été lié avec lui. »

Puis après avoir dit que, si l’on se fiait à la manière d’argumenter de Pinache, Démosthène, Cicéron, Horace et Juvénal seraient considérés comme des hommes grossiers et moroses, il fait un long panégyrique de la France, des Français[1] et de François Ier, et est amené à invectiver contre les Gascons et à défendre Orléans attaquée par Pinache. L’orateur alors dit n’avoir point pris Toulouse à partie dans son premier discours, et tout en protestant de son affection pour la ville, et tout en regrettant qu’elle puisse être critiquée à cause de sa barbarie, il répète ses invectives, qui dépassent de beaucoup la violence des premières : « Quelle est la culture littéraire de Toulouse[2], sa politesse de mœurs et sa civilisation, l’empressement que le roi a mis dernièrement à quitter la ville nous le montre fort bien. Il est venu, il a vu, il est parti. La vulgarité, la grossièreté, la barbarie, la sottise de Toulouse ont chassé celui qui fait la gloire de la France. On ne peut, sous aucun prétexte vraisemblable, prétendre que le roi a été rappelé aussi soudainement par quelque affaire pressante[3]. »

Après plusieurs pages semblables, nous arrivons aux passages les plus intéressants, à vrai dire les seuls intéressants de tout le discours[4] ; ce sont ceux qui excitèrent contre Dolet la haine des dévots de Toulouse, et fournirent à ses ennemis des armes dont ils ne tardèrent pas à se servir ; c’est là qu’il se déchaîne avec une vraie force et une vraie éloquence

  1. Dans tout ce discours il fait une distinction entre les Français (Galli) et les Gascons (Vascones ou Aquitaini).
  2. Page 52.
  3. François Ier entra à Toulouse le 1er août 1533, et ne resta dans cette ville que sept jours. Ce passage, qui semble avoir échappé à tous les biographes de Dolet, montre clairement que ce discours fut prononcé après le 1er août 1533, et non pas, comme M. Boulmier et les autres l’ont présumé et assuré, à la fin de 1532 ou au commencement de 1533.
  4. Pages 54-61.