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CHAP. VII. — L’ORATEUR

bassesse de son origine ; et c’est alors qu’il dit sur sa famille ce que j’ai cité plus haut[1].

« Puis, ajoute-t-il, poussé par le désir de me ravaler encore plus impudemment, Pinache fond sur moi avec une furie extraordinaire, et se sert contre moi du langage le plus violent. Il s’écrie que j’ai appris l’art oratoire chez les Italiens, aux dépens de toute liberté d’expression, et que je ne puis parler que comme on m’a enseigné. Puis il m’accuse d’inconstance, il dit que je suis un déserteur et un fugitif, que je suis né en France, que j’ai fait mon éducation en Italie, que je suis dans mon pays pour le moment, mais que je songe bientôt à retourner en Italie. Il prétend que je suis devenu morose et irritable parce que, depuis ma jeunesse, j’ai eu des relations intimes avec Simon Villanovanus. Car comment, se demande-t-il, un homme élevé par ce personnage entre tous le plus acariâtre et le plus sévère, peut-il se défendre d’être mécontent de tout, de condamner tout et de trouver à redire à tout ? Si grand, ô Pinache, est votre désir de calomnier, que vous n’êtes pas satisfait de m’attaquer de la plus odieuse manière, moi, qui suis vivant ; mais vous n’avez pas honte de dire du mal des morts. Christophe Longueuil lui-même, ses lettres en font foi, m’a évité la peine de louer et de défendre mon ami. Il parle en termes très élogieux de l’aimable caractère et de l’étendue du savoir de Villanovanus[2]. Je reconnais que pendant longtemps j’ai été très lié avec lui, mais, loin d’en avoir honte, je considère que ce fut un grand honneur pour moi. Tout le succès que j’ai pu obtenir, soit par mes compositions latines ou par mes discours — je sais combien ces succès sont faibles — je n’ignore pas que je les lui dois. J’admets aussi que je lui suis redevable d’un certain sérieux

  1. Voir p. 9.
  2. Voyez les lettres de longueuil. passim, et surtout la vingt-sixième du troisième livre, qui a déjà été citée. Je dois avouer que nulle part je n’ai trouvé de témoignage de longueuil au sujet des « Suaves Mores » de Villanovanus.