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CHAP. VI. — LES JEUX FLORAUX

louse, formèrent la « très gaie compagnie des troubadours » ou le collège « du gai sçavoir, » ou « de la gaie science ». Ils avaient coutume de se réunir dans le faubourg des Augustins, et, au mois de novembre 1323, ils adressèrent une lettre en vers à tous les troubadours, les invitant à s’assembler le 1er mai 1324 pour lire ou réciter leurs poèmes, et offrant une violette d’or à celui qui chanterait le mieux les louanges Dieu, de la Vierge ou des saints. Un grand nombre de troubadours répondirent à l’appel. Le premier jour fut consacré à la récitation des poèmes des concurrents, le second à l’examen des compositions des sept troubadours qui avaient institué la fête : ils étaient assistés de deux capitouls ; enfin le troisième jour, la violette d’or fut donnée publiquement à Arnaud Vidal de Castelnaudari pour le poème qu’il avait récité en l’honneur de la Sainte Vierge. L’année suivante, on donna aux jeux un caractère plus officiel en nommant un chancelier, et on ajouta peu après deux nouveaux prix — un souci d’or, pour la meilleure ballade, et une églantine d’argent pour la meilleure sirvente ou pastourelle. Désormais les jeux floraux constituèrent une des principales fêtes — et peut-être la principale — de Toulouse et de tout le Languedoc ; leur renommée s’étendit non seulement au Sud de la France, mais jusqu’en Aragon et en Catalogne, où on établit des jeux analogues. En 1356, Guillaume Moliniar, qui, depuis plusieurs années, était chancelier, rédigea, avec la sanction des sept mainteneurs, les lois de la gaie science, ouvrage qui représente huit années de travaux, et qui, tout en étant un recueil très approfondi des règles à suivre pour les jeux floraux, pour les récompenses à décerner, et pour la collation

    semble probable. Quelques écrivains ont essayé de faire remonter l’origine des jeux à une antiquité fabuleuse, et prétendent qu’ils datent du temps de l’occupation romaine ; d*autres, au contraire, soutiennent que ce fut Clémence Isaure qui les institua dans la dernière moitié du quinzième siècle. On ne doit pas confondre l’académie ou collège du gai sçavoir, comme on l’a fait quelques fois, avec les jeux floraux. Il est probable que l’académie existait depuis quelque temps déjà quand les jeux furent fondés.