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CHAP. V. — J. DE CATURCE ET J. DE BOYSSONNE.

fit d’excellentes études, qu’il s’était acquis une grande réputation à l’université comme juriste, qu’il était soit licencié en droit, soit docteur, et qu’il fit des cours avec succès et talent, s’efforçant, comme Alciat le faisait ailleurs, d’introduire un esprit plus scientifique dans l’étude de la jurisprudence, de la délivrer des obscurités barbares de la scolastique, et de revenir aux Pandectes eux-mêmes au lieu de s’en rapporter aux commentateurs et aux compilateurs arbitraires du moyen âge.

« Primus in Europa civilia jure latine
Boyssonus docuit potuitque inducere morem
Miscendi sacras legis sophiamque perennem[1]. »

Alciat aurait voulu l’avoir comme collègue à Pavie pour qu’il l’aidât à repousser les attaques de ses adversaires barbares et ignorants. « Si je vous avais auprès de moi » lui écrit-il, « je renverserais facilement tous ceux qui me font la guerre. »

Boyssone avait déjà eu comme élève Antoine de Castelnau, qui devint archevêque de Tarbes. Il avait été le camarade ou, probablement, le précepteur de Michel de l’Hôpital, qui ensuite fut professeur de droit à Padoue, Michel de l’Hôpital auquel était réservée la haute dignité de chancelier de France. Sa fortune et la situation distinguée de sa famille — les Boyssone étaient alors seigneurs de Mirabel, de Beauteville et de Montmaur[2]— ajoutaient naturellement à l’influence et à la considération dont il jouissait parmi ses compatriotes ; et sa bonté pour les malheureux, sa générosité à aider de sa bourse les pauvres étudiants qui le méritaient, contribuaient également à le rendre populaire. Il avait été l’ami et le protecteur de Bunel, pendant la jeunesse de ce dernier, et lorsque ce savant érudit fut accusé d’hérésie, ce fut Jean de

  1. Noguier : Histoire Toulousaine.
  2. Du Mège : Hist. des Institutions de Toulouse (Toulouse. 1844), vol. II, p. 210,217,244.