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CHRISTIAN FREDERIKS DAGBOK 1814.


26 Octbr.

arrangement pacifique et j’agis également avec sagesse en me transportant alors à bord du brig danois. Néanmoins je suis bien satisfait que la Divine providence aye voulu permettre que j’apprenne encore en Norvège la conclusion de la grande scene, les norvégiens s’assureront d’autant plus que je n’ai voulu accélérer mon départ, ni les quitter, avant que le sort du Royaume soit décidé. — Nous levâmes l’ancre le 26 Octobre à 1 heure et demie et la forteresse ainsi que les Brigs norvégiens dans le port donnèrent le salut royal, auquel je fis répondre avec neuf coups de canon du brig danois; c’étoit un beau spectacle que ces coups de canons répétés par l’écho des rochers, mais le moment n’étoit pas moins déchirant pour moi, et je versais des larmes en contemplant, peut être pour la dernière Fois, ce beau pays que je dus abandonner pour le sauver d’une ruine inévitable, sans cependant pouvoir assurer son bonheur, tel que je l’aurais désiré — Mais que peut la volonté de l’homme contre les décrets de la providence qui tendent Le 26 au bien général —

Le 26 Octbr. jusqu'au Novbr

Le vent nous favorisa tout le jour (N. N. E.) et jusqu’avant dans la nuit de sorte que nous atteignîmes la hauteur de Marstrand 18 meiles

le 27

en 12 heures, mais il fallut louvoyer la nuit et à cause du vent tout le jour suivant entre la côte de Suède et la hauteur de Fladstrand.

du 28

Dans la nuit il survint presque un calme et nous pûmes le matin à peine longer la côte de la Jutlande à l’ouest de Lessøe. Le courant étoit si fort et le vent si faible que la manoeuvre de vaisseau manqua au moment ou il devint le plus essentiel, lorsque le brig étoit très près des bas fonds qui se prolongent de Lessøe et qui montent subitement depuis 10 jusqu’à 2 toises, ce qui occasionna que le Brig toucha subitement mais si faiblement qu’il ne pouvait pas s’endommager — Cependant il fallut mettre tout en oeuvre pour se dégager d’une situation aussi précaire. Le Capitaine Kaas sans perdre la tête, étoit extrêmement chagriné d’un événement qui pouvait être funeste à sa réputation et pour le service du Roi, et Holsten qui avait indiqué la marche du vaisseau selon la carte marine ne l’étoit pas moins —, je les priais tous les deux de calmer leur inquiétude, car avec le calme qu’il faisait, il n’y avait certainement rien à risquer pas même pour le vaisseau, mais si le vent se lève, étoit toujours la réponse, le vaisseau ne peut pas être sauvé —