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INTRODUCTION


I.
La Période parthe.

Quand les Iraniens firent leur entrée dans l’histoire, ils vivaient sous un régime patriarcal assez semblable à celui que nous trouvons chez les autres peuples indo-européens dans la période la plus reculée. Pour les Iraniens, c’est à travers les plus anciennes parties de l'Avesta que nous entrevoyons cette étape de l’évolution historique.

Chez le peuple de l’Avesta, l’Etat était fondé sur la famille (nâfah), dont le centre était la maison (nmâna). Plusieurs familles apparentées formaient le clan (taumâ), concentré sur le village (vîs), et qui portait le nom de l’auteur commun de toutes les familles. La femme, en se mariant, était adoptée dans la famille de son mari et, par cela même, dans son clan. Une pluralité de clans formaient la tribu (zantu); ce mot désignait cependant déjà une conception quelque peu abstraite, la colonisation éparse produisant une tendance à l’isolation chez les clans[1]), La notion plus étendue de « province » (dahyu, dainhu) est encore plus dépourvue de précision, et le mot signifie aussi « peuple » en général. Enfin la dénomination d’Aryens, commune à tous les Iraniens, était leur marque distinctive vis-à-vis des Scythes nomades, leurs congénères, qui habitaient vers le nord, et des peuples étrangers de l’ouest.

Le doyen de la famille en était le chef, et parmi ces doyens était choisi sans doute le chef du clan, maître du village. A mesure que la société s’affermit, le chef de la tribu, puis le chef de la province, tous les deux probablement sortis par l’élection, eurent leurs rôles. Généralement, le pouvoir était concentré dans les mains des chefs locaux, tandis que l’autorité du prince provincial, du roi, était plus nominelle que réelle. L’affaire principale des rois était la guerre, et cette tâche militaire renfermait pour eux la chance de consolider et d’augmenter leur pouvoir. Ainsi, dans les temps préhistoriques, Husrava, sorti du clan des Kavis, paraît avoir créé, dans le nord et l’est de l’Iran, un empire puissant bien qu’éphémère[2]) qui avait, aux yeux de la postérité, une telle splendeur, que le nom de Kavi, ainsi

  1. Voir Geiger : Ostêrânische Kultur im ÂlterUium, p. 425 sqq.
  2. Comparez des phénomènes tels qu’Arioviste ou Ermanrik dans le monde germanique.