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les juges de paix ëâhrtStÇf) et le chef du conseil d’administration mardumânbedh( ?).

Enfin une source bien différente nous donne quelques renseignements sur la composition du ministère du Roi des Rois. Selon §ahrastâni[1], Mazdak, le fondateur de la fameuse secte religieuse et communiste, se figurait Dieu assis sur son trône comme Khusrau[2] dans le monde inférieur, ayant devant lui quatre forces spirituelles correspondant aux quatre personnes qui se tiennent debout devant Khusrau, à savoir: môbedhân môbedh^ hêrbedhdn hêrbedh, spdhbedh et ra/nSgrer ( « musicien « )[3]. Il va sans dire que le dernier n’a pas eu, dans l’Etat perse, sa place parmi les plus grands dignitaires, mais si la musique a joué un rôle aussi considérable dans le service divin des Mazdakites que dans celui des Manichéens[4], on comprend que « le musicien* » a pris, dans la hiérarchie céleste de Mazdak, la place d’un des hauts conseillers du grand roi, probablement du grand vézir, eu égard surtout à ce que les musiciens avaient réellement un haut rang à la cour. Selon Mas’ûdt[5], ArdeMr Pâpakân aurait institué sept corps d’Etat[6]. Dans les quatre premiers il plaça les chefs de gouvernement, tous ceux qui prenaient part aux affaires, à la création et à l’exécution des lois: 1. les ministreSy 2. le [grand]môbedhf juge suprême, chef de la religion et supérieur des hérbedhs, 3. les quatre spdhbedhsy les principaux agents de l’Etat, dont chacun est le maître d’un quart du royaume et a sous lui un lieutenant appelé 4. marzbân. Puis il plaça dans une classe spéciale les chanteurs, les virtuoses et tous ceux qui exerçaient la profession de musicien[7]. L’auteur ajoute que Bahrâm Gôr (V) introduisit quelques changements dans la classe des musiciens, et que Khusrau I rétablit l’organisation d’ArdeSir. — Tabarî raconte que Khusrau II rassembla, pour célébrer l’inauguration d’une digue sur le Tigre, « les marzbâns et les musiciens"[8].

  1. Ed. Cureton p. 193, trad. de Haarbrûcker I p. 292.
  2. C. à-d. le roi des Perses. Le mazdakisme naquit sous le règne de Kawâdh, et Mazdak lui-même était mort, probablement, avant Tavènement de Khusrau I (v. Nœld. p. 464—66). Pour les Arabes le nom de Khusrau (Kesrâ) était un titre commun des rois sassanides, comme il est dit expressément dans le passage dTa’qûbî dont nous venons de faire un extrait.
  3. Une telle comparaison entre TEtat céleste et TEtat terrestre n’est pas sans parallèle en Perse. Dans le livre zarathoustrien Bundehisn, le firmament est représenté comme étant partage entre quatre spâhbedhs tout comme TEmpire perse (Nœld. p. 155—56 n. 2).
  4. Voir Tarticle ^Mânî*’de Kessier dans « Herzog’s Healencyklopadie f. prot. Théologie und Kirche", 3 Âufl.
  5. Muruj-edh-dhahab publ. et trad. p. Barbier de Meynard H p. 153.
  6. La tradition aime toujours à attribuer Torganisation politique et sociale au fondateur des dynasties. Comp. la lettre de Tansar. Contrairement à Tordre traditionnel des rangs donné dans le Kitâb-et-tanbih, Mas’ûdi présente ici un classement qui correspond plutôt à celui dTa’qûbî (seulement il a nies ministres*" au pluriel, et le grand hêrbedh manque, ses fonctions étant prises par le grand môbedh). 11 est curieux que Mas*ûdî confond ici encore le marzbân avec le pâdhgbôspân.
  7. Mas’ûdî ne nomme pas les deux derniers des sept corps d’Etat.
  8. Nœld. p. 306. — Quand même Tauthenticité de la tradition serait douteuse pour les détails, le tableau général de Tétat de civilisation qu’elle révèle est certainement correct. 11 faut remarquer que le mot marzbân est employé souvent, dans les récits arabes, comme la désignation générale des grands de la cour de Perse.