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jouent ^les grands** à travers l’histoire de la période sassanide, et vu qu’ils apparaissent régulièrement à côté de la noblesse terrienne^ il n’y a guère de doute de qui il faut entendre par ce nom-là: ce sont les grands officiers de l’Empire, les plus hauts représentants de la bureaucratie.

Quant à la série des fonctionnaires suprêmes de l’administration centrale, nous devons à Mas’ûdi une notice intéressante à laquelle nous avons déjà fait allusion. Dans son Kitàb et-tanbih wa’l-iêrâf[1], cet auteur arabe dit que les plus hauts officiers d’Etat chez les Perses étaient les cinq suivants: 1. le môbedhdn môbedh (grand prêtre), 2. le wazurg-framâdhâr (grand vézir), 3. le spâhbedh (général), 4. le dabirbedh (conservateur des registres, secrétaire), 5. le hutukhébedh qu’on appelle aussi wâstriôsbedh (^ conservateur de tous ceux qui travaillent de leurs mains** comme esclaves, laboureurs, marchands et autres). Mas’ûdi ajoute que ces cinq personnages étaient „les directeurs et les conducteurs de l’Empire et les intermédiaires entre le roi et ses sujets**; nous dirons qu’ils formaient le ministère de l’Empire. Ce sont les représentants des quatre états plus le représentant du roi, et il est à noter que ce dernier est placé après le représentant du clergé. Parmi les autres grands dignitaires, Mas’ûdi nomme les marzbâns^ commandants des marches, qui étaient au nombre de quatre, un pour chacun des quatre points cardinaux. Cette dernière assertion est inexacte, les quatre gouverneurs généraux pour les quatre points cardinaux ayant le titre de pddhghôspdn. Sur ce point-là Mas’ûdî n’a pas bien compris le vieil almanach royal (gdhndmagh) qui lui a servi de source. Mais en ce qui concerne les cinq charges suprêmes de l’Empire, il n’y a pas de doute qu’il ne les présente exactement comme il les a trouvées dans le gàhnàmagh. Toutefois il est bien vraisemblable que les Perses, conservateurs de leur naturel, aient conservé pendant des siècles, dans cet almanach vénérable, un ordre traditionnel, sans égard pour les changements que le temps a apportés dans les relations politiques et sociales.

Ya’qùbi a donné[2] la liste des dignités les plus importantes de l’Etat sassanide, mais sans en indiquer celles qui font partie du ministère proprement dit, et sans distinguer celles qui étaient réservées à la haute noblesse de celles qui appartenaient à la noblesse inférieure. Cependant, l’ordre que Ya’qûbî a observé dans son énumération aura répondu à peu près à la situation réelle au temps de Khusrau I. Immédiatement après le Roi des Rois, il nomme le wazurg-framadhar , puis le môbedhdn môbedhy puis Yhêrbedhan hêrbedh] (le ^gardien du feu"), puis le dabirbedh, ensuite le spâhbedh qui a sous ses commandements un pddhghôspdn[3]; le commandant de la province s’appelle marzbdn, celui du canton èahrigh; les officiers portent le titre de chevaliers (asâwirât, pour le pluriel pehlvi aswârdn ou aspwdraghdn),

  1. Bibl. geogr. Ârab. VHI p. 103.
  2. Ed. Houtsma I p. 202.
  3. Cela implique Texistence de quatre spâhbedhs, comme il y a quatre pâdhghôspâns , ce qui montre que le tableau fait par Ya’qûbî ne remonte pas au delà du temps de Khusrau I: c’est lui qui a changé la charge unique de spâhbedh de l’Empire en quatre postes de spâhbedh d’après les points cardinaux (v. plus tard).