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héréditaires dans l’Empire sassanide étaient des places d’honneur marquant la position privilégiée des sept premières familles[1], mais leur puissance reposait également sur les revenus de leurs fiefs et — surtout pour la période antérieure à Kawâdh et à Khusrau I — sur la force du lien féodal entre elles et leurs sujets, et enfin sur ce fait que leur accès facile au Roi des Rois leur donnait une certaine prérogative pour la nomination aux plus hautes charges de l’Empire.

Encore longtemps après la chute des Sassanides et de l’ancienne société, les vispuhrs se maintenaient dans le Pars. Ibn Hauqal écrit au 10^ siècle ap. J.-C : ^Dans le Pars il y a une bonne tradition et coutume relativement aux affaires de la population, à savoir l’excellente chose que l’on honore les membres des vieilles familles {ahlu’l-buyûtdt »» uispuhrâtiy voir ci-dessous) et vénère les races les plus distinguées, et parmi celles-ci il y a des familles qui possèdent par héritage la direction des divans (bureaux d’administration) depuis les temps anciens jusqu’à nos jours"[2]. Mas’ùdi mentionne également les ahlu’ l-bugûiât de Pârs[3].

Wazurgàn.

Dans la chronique sassanide qui nous est restée en partie dans l’œuvre de Tabari, on rencontre presque à chaque page l’expression „les grands et les nobles**. Chaque fois qu’un nouveau roi est monté sur le trône, ,pies grands et les nobles** se rassemblent pour lui rendre hommage et entendre le discours par lequel il s’introduit chez son peuple. Ce sont eux qui détrônent Ârdeèir II et qui tuent âàpûr III[4]. Quelques ^grands et nobles*" s’engagent à exclure la postérité d’Yazdegerd I du trône[5], et dans les pourparlers suivants avec le roi arabe Mundhir sur la succession au trône ce sont «les grands et les nobles** qui agissent[6]. Quelquefois on trouve la combinaison nies grands et les hommes distingués*[7]. Les expressions arabes ahluH-buyùtât (les nobles), aUuzamd (les grands) et aUasrâf (les hommes distingués) sont des traductions littérales des termes pehlvis vispuhrdtiy wazurgdn et dzdtdn[8]. Parfois «les grands** figurent seuls[9]. D’après le rôle que

  1. 11 est possible que la règle observée par les rois achéménides ait existée aussi sous les Sassanides : que les Rois des Rois devaient prendre leurs femmes de préféi*ence de leur propre famille ou des six autres maisons privilégiées. Kawâdh avait une femme de la famille d*Aspahbedh (Nœld. p. 145) ; la mère de Khusrau 11 était de la maison de Spendiyâr, sœur de Bistâm et de Bindôê (Nœld. p. 273). Que, d’autre part, des princesses sassanides pussent se marier dans les six premières familles, c’est ce que prouve le fait, que le fils d’une sœur de Khusrau 11 portait le nom de Mihrân (Nœld. p. 140). Jean le Mamicon mentionne aussi un général du nom de Vakhtang et son frère Sûrén comme les oncles de Khusrau II (Langlois I pp. 370 sqq. et 373).
  2. Biblioth. geogr. Arab. 11 p. 207—8.
  3. Voir plus tard.
  4. Nœld. p. 70 et 71.
  5. Ibid. p. 91.
  6. Ibid. pp. 92, 93, 94 etc.
  7. Nœld. pp. 50, 113, 133.
  8. Ibid. p. 71 n. 1. Pour ahlu’l'buyùtàt comp. la forme araméenne bar-baithâ-n qui sert d’idéogramme à vispuhrân (p. 23 n. 4). Par „les hommes distingués ’^ (âzâtân)^ on doit comprendre ici surtout la classe des chevaliers. — Entre les combinaisons analogues qui se trouvent chez Tabarî, on remarque „les plus honorés et les grands" (en arabe : al-Dujûh w<fl’ uzamâ, Nœld. p. 282).
  9. Nœld. pp. 48, 69, 361, 386.