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Civiles sont les charges de préposé aux affaires civiles — désignation assez obscure — , de juge arbitral, et de chef de la perception des impôts et inspecteur des trésors royaux[1].

Il est difficile de décider, à quelle famille chacune des charges appartenait. On sait que la dignité d^argabedh était attachée à la maison sassanide, et l’on peut considérer comme probable que le poste à^Êrân-spâhbedh appartenait à la famille d’Aspahbedh. Enfin, du fait que les noms de Sûrên et de Mihrân figurent souvent parmi les chefs des armées perses, on pourrait conclure peut-être, que chacune de ces deux maisons avait eu une des deux autres charges militaires ; mais ce n’est là qu’une supposition, dont les preuves nous font défaut. Quant à la distribution des charges civiles nous n’en savons absolument rien.

Tout bien considéré, les charges héréditaires — la royauté elle-même non comprise — étaient des postes très importants et bien distingués, il est vrai, mais non pas les plus hauts et les plus importants. Que le premier poste de l’Empire, celui de premier ministre, se transmit par héritage, de sorte que le roi n’eût pas de choix pour ce conseiller, et qu’il pût tout au plus faire tuer son grand vezir pour lui faire succéder le fils aîné, une telle institution aurait été incompatible avec le gouvernement absolutiste qui était en effet la base de l’Etat perse, une telle institution aurait, en peu de temps, amené la ruine de l’Empire[2]. Les chargesreçu en persan la signification de ^gouverneur de province*". Sous Yazdegerd III, pendant les guerres contre les Arabes, le marzbân de Tûs est désigné sous le titre de kanârang vTha’àlibî, éd. Zotenberg p. 743 et Belâdhori éd. de Goeje p. 405 ligne 7 où le mot est faussement vocalisé) ; comp. ci-dessous p. 22 et n. 6.

  1. Je ne crois pas que cette dernière charge soit identique a celle de ^directeur général des impôts** (wàstriôéânsâlàr). Tabari (Nœld. p. 110), nommant les grands postes que le ministre Mihr Narsê procura à ses trois fils, dit que le puiné, Mâhgusnasp, était possesseur de la charge de wâstriôsânsâlâr durant tout le règne de Bahram V. Si ce poste était héréditaire, il aurait fallu que Mâhgusnasp fiit Taîné. On pourrait croire à quelque inexactitude de la part de Tabarî (à un autre endroit, Nœld. p. 112, il nomme les fils dans un autre ordre, Mâhgusnasp occupant toutefois la dernière place) ; mais si Ton suppose que Mâhgusnasp, étant réellement Taîné, avait hérité de la charge de wâstriôsânsâlâr, il s’ensuivra que Mihr Narsê et son père Burâza auraient eu la charge avant lui. Or Dinâwarî (ed/ Guirgass p. 57) mentionne un certain Gusnaspâdhâr comme ^chancelier de Timpôt foncier", ce qui veut dire indubitablement wâstriôsânsâlâr, après la mort d* Yazdegerd I, c -a-d. du vivant de Mihr Narsê. Et même si Ton voulait objecter que Dinâwarî n’est pas une source de premier ordre, cette difficulté reste, que Mâhgusnasp aurait reçu la charge héréditaire de sa famille du vivant de son père, ce qu’on n’est pas en droit de supposer, je crois. — La charge héréditaire dont il est question ici aura été plutôt celle de vispuhràn hamârkâry , percepteur des impôts des vispuhrs**. Ce haut fonctionnaire est mentionné dans les sources arméniennes, et il est dit à une certaine occasion, que dans sa maison les impôts d*Ispahan étaient rassemblés (v. Hûbschmann: Armen. Granim. 1 p. 178).
  2. Encore une raison pour ne pas voir dans la sixième charge héréditaire — de l’ordre donné par Théophylacte — le wâstriôiânsâlâr, qui était de fait le ministre des finances de l’Empire. — Dans le royaume arabe de Hîra, qui l’econnaissait la suzeraineté du Roi des Rois, la place de grand vézir (ridf) aura été héréditaire dans la famille d’Yarbû% en compensation de Tabandon des prétentions à la couronne de Hîra (selon Jauharî, voir Enger ZDMG. XIII p. 240, comp. Rothstein: Die Dynastie der Lakhmiden in al-Hîra, pp. 112 et 133). Voilà le système perse porté au delà des limites raisonnables ! Cela n’aurait guère été possible que dans un petit Etat comme Hîra, placé sous la sur’eillance et la protection d’un grand Empire.