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sur les fiefs situés dans son gouvernement, si ceux-ci ont eu immunité pleine ou partielle etc. Ce qu’il y a de certain, c’est que les manants ont dû payer des impôts ou au seigneur ou à l’Etat ou bien à tous les deux, et qu’ils ont été obligés au service militaire sous le commandement du seigneur.

Sous les Sassanides nous retrouvons l’ancienne coutume, que certaines charges appartenaient par héritage aux chefs des sept premières familles. Théophylacte (III, 8) nous fait savoir quelles étaient ces charges héréditaires: «La famille appelée Ârtabides possède la dignité royale, et elle a aussi la charge de mettre la couronne sur la tête du roi; l’autre est préposée aux affaires militaires; une autre surveille les affaires civiles; une autre vide les litiges de ceux qui ont une querelle sur quelque chose, et qui désirent un arbitre; la cinquième commande la cavalerie, la suivante perçoit l’impôt des sujets et a la surveillance des trésors royaux, et la septième prend soin des armes et de l’équipement militaire*".

^Apva^idrjQ est une défiguration d’’ApyafilâTiç — Argabedh[1], mot qui signifiait à l’origine le commandant d’un château fort, et qui fut plus tard la désignation d’une charge militaire très importante. Comme ÂrdeSir Pàpakân portait ce titre, il fut attaché, dans le nouvel Empire, à la famille royale comme le plus haut titre militaire[2]. La charge de couronner le roi doit avoir appartenu à une ligne collatérale de la famille royale ou à un proche parent du roi[3]. A un temps où le pouvoir du roi était très affaibli et celui du clergé à son apogée, à l’avènement de Bahrâm V, le môbedhân môbedh (le grand prêtre) a mis, par exception, la couronne sur la tète du roi[4], et il est à supposer que ce grand dignitaire a toujours joué un rôle important au couronnement comme celui qui communiquait à cet acte solennel la sanction de l’Eglise officielle.

Des six autres charges héréditaires énumérées par Théophylacte, trois sont militaires, trois civiles. Les charges militaires sont celles de préposé aux affaires militaires (Êrân-spâhbedh), de général de la cavalerie (aspabedh[5]) et d’administrateur des magasins (Êrân-ambâraghbedh[6]) la septième de la série donnée par Théophylacte. Si l’on peut se fier à la remarque de Procope[7], que la charge de Xavapdyyrjç (c.-à-d. arpanjyôç) était une de celles qui étaient héréditaires dans certaines familles, il est à supposer que ce fut là une autre désignation du préposé aux affaires militaires[8].

  1. Nœld. p. 5 n. 1 et 3.
  2. Mihriftpûr est Ârgabedh sous Yazdegerd 1 (Labourt: Le Christianisme dans l’Empire perse, Paris 1904, p. 97).
  3. Au temps des Parthes c’était, on s’en souviendra, la maison de Sûrên, maison apparentée à la dynastie régnante, qui exerçait cette fonction.
  4. Tabarî (Nœld. p. 96) en tire la conclusion fausse que le couronnement fût entrepris régulièrement par le grand prêtre.
  5. Dans sa signification générale, le mot aspabedh a été employé, probablement, pour tous les généraux de cavalerie étrangers qui servaient sous les drapeaux des Perses. On trouve ainsi un prince nomade arabe portant ce titre (Labourt: Le Christianisme dans TEmp. perse p. 117).
  6. Voir Nœld. p. 444.
  7. Bell. Pers. I, 6.
  8. Les kanârangs (c’est la forme iranienne du mot) ayant eu souvent des postes de marzbân (margrave), pour lesquels il fallait des hommes de beaucoup d’expérience militaire, le mot kanârang a