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il n’y avait, selon la lettre de Tansar, que trois marzbânats héréditaires dont les titulaires portaient le nom de roi, à savoir celui du nord-ouest à la frontière des Âlains et Khazares[1], celui de l’ouest (à quelque partie spécialement exposée de la frontière romaine), et celui du Khwârezm (contre les Turcs).

 eux s’ajoutaient enfin les gouverneurs qui appartenaient à la famille royale. Selon l’ancienne coutume — qui s’est maintenue, du reste, jusqu’à nos jours — , les fils du roi recevaient des gouvernements, et tout particulièrement les princes qui pouvaient espérer d’hériter quelque jour du trône du grand roi, devaient s’exercer, par le gouvernement d’une province importante, au métier de roi. Les grands, désirant exclure Bahràm V de la succession, se servent de ce prétexte, ^qu’il n’a pas encore gouverné une province, de sorte qu’on ne sait pas ce qu’il en est de lui*" [2]. Parmi les rois sassanides, Hormizd I a été gouverneur du Khorassân avant son avènement au trône, Bahràm III a été gouverneur de Selstàn (SagânSâh Ârdeâir II gouverneur d’Adiabène, Bahràm IV de Kermàn (Kermânidh) et Hormizd III de Seïstan (Sagânsâh). Mais les raisons politiques demandaient que ces gouverneurs de race royale n’eussent pas leurs gouvernements comme des charges héréditaires[3], et que le grand roi pût les déplacer selon qu’il lui paraissait convenable aux intérêts de l’Etat. Pour ceux-ci le nom de roi n’était qu’un titre qui leur assurait une place dans la première classe de la haute société. Il est à croire cependant que, surtout pendant la décadence du pouvoir royal après la destitution de Khusrau II, des princes royaux ainsi que d’autres grands seigneurs aient réussi à s’établir dans certaines provinces, et qu’ils s’y soient créé de petites royautés héréditaires. C’est ainsi qu’on s’explique le mieux l’existence d’une quantité de petits rois vassaux au temps de la conquête des Arabes.

Tous les ^athradhârs étaient obligés de se rendre à la cour, chacun à son tour, pour présenter ses devoirs[4], mais ils ne devaient y avoir de fonction déterminée, ^car s’ils prétendaient aux fonctions, ils tomberaient dans les querelles, les luttes, les conflits, les intrigues, toute leur dignité se perdrait, et ils seraient dégradés aux yeux de l’opinion**.

Au temps de la conquête arabe, il y avait en Iran les roitelets suivants, dont chacun avait son titre spécial[5]; le roi de Nêéàpûr (kanar)[6], ceux de Merw (Ma/idê)[7], de Serakhs (Zâdhôë), d’Abîwerd (Bahmana), de Nisâ (Abrdz ou BardZy Warâz’f), de Gharéistàn (Baraz-bandà), de Merw-i-rûdh (Kilân de Zàbulistàn (Pêrôz), de Kâbul

  1. Le même qui était distingué, selon le Nihâyatu’1-îrab, par le dix>it de s’asseoir sur un trône d’or; voir Texcursus.
  2. Tab. Nœld. p. 91.
  3. Lettre de Tansar pp. 210 et 513 et la note de Darmesteter.
  4. Ibid. — Notez que les sathradhârs étaient présents à Toccasion du coup de flèche de Sâpûr.
  5. Ibn Khoi-dâdhbeh, Bibliotli. geogr. Arab. VI pp. 39—40, la traduction p. 29; voir aussi la Chronologie de Bîrûni, éd. Sachau p. 101. Comp. Marquart: Ërânsahr I, 199 sqq.
  6. Probablement, il faudrait lire kanârang^ v. plus tard.
  7. On sait que Mâhôé était le nom de ce marzbân de Merw qui trahit Yazdegerd III. Ce titre, ainsi que Zâdhôê et quelques autres, doit avoir été à l’origine un nom propre.