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et on l’enregistrait^ annuellement peut-être, dans un almanach royal {dgtnnâmagh ou gâhndmagh)[1].

Il semble que l’ancienne division par état ait été sentie, dans les derniers siècles de la période sassanide, comme quelque chose d’abstrait et de purement théorique. Les chefs des quatre états étaient devenus alors plutôt des grands officiers de l’Empire, des ministres, que des représentants d’intérêts de classe. Le clergé et les secrétaires étaient devenus des membres de la classe des wazurgàiiy de la noblesse de robe, et la réforme de l’armée exécutée par Khusrau I créa une nouvelle distinction entre la haute noblesse terrienne et de robe et la noblesse militaire d’un rang plus bas, les chevaliers. Il se comprend ainsi qu’un passage de la lettre de Tansar[2] ne parle pas de quatre états, mais de trois seulement, à savoir: les nobles, les guerriers et le peuple (les gens de métier et de service).

La confusion et les contradictions apparentes dans la division sociale et politique de la nation sont en rapport direct avec le dualisme particulier entre le féodalisme et le despotisme bureaucratique que l’Empire des Sassanides avait hérité des Parthes. C’est l’antagonisme de ces deux éléments qui caractérise l’évolution sociale et politique depuis Ârdeâir Pâpakân jusqu’aux jours des Khusrau.

âathradhârân.

Les membres de la première classe dans l’Etat sassanide portaient le titre de rois, ce qui justifiait le titre officiel du roi de Perse, celui de „Roi des Rois*". Cette classe contenait d’abord les princes vassaux qui régnaient aux extrémités de l’Empire, les roitelets qui s’étaient mis sous la protection du roi de Perse, et à qui le grand roi avait assuré, en revanche, la royauté pour eux et leurs successeurs avec l’obligation de mettre leurs troupes à la disposition de leur suzerain et, peut-être, de payer un certain tribut. La lettre de Tansar prête à Ardeéîr cette parole-ci[3]: «Nous n’enlèverons le titre de roi à aucun de ceux qui viendront nous offirir leur soumission et resteront dans la grande voie de l’obéissance. Les plus fameux d’entre ces rois vassaux sont les rois arabes de Hira. Ammien Marcellin mentionne[4] parmi la suite de ââpûr II les rois des Chionites et des Albans. Il y avait en Mésopotamie un certain roi Pûlar(?), vassal de ââpûr II, dont les enfants portaient des noms perses[5]. Dans le premier temps de la domination sassanide, l’Arménie, sous des rois arsacides, était un Etat vassal du grand roi, jusqu’en l’an 430 où elle fut faite province de l’Empire perse et mise sous le gouvernement d’un marzbàn.

Du même rang que ces familles royales étaient quelques marzbâns (margraves) dont les provinces étaient particulièrement exposées aux attaques, et qu’il fallait récompenser pour leur activité dans la défense des frontières. Au temps de Khusrau I

  1. Voir Mas’ûdi: Kitâb et-tanbîh, éd. de Goeje pp. 103 et 106; comp. la „notitia dignitatum" byzantine.
  2. pp. 225-26 et 531.
  3. pp. 210 et 513.
  4. XVni, 6, 22.
  5. Hoffmann: Auszûge aus syr. Âkten persischer Mârtyrer, Leipz. 1886, p. 10.