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Chacun de ces états est partagé en plusieurs classes, le clergé en juges (dàdhwar prêtres (la classe la plus basse et la plus nombreuse est celle des mages, môghy puis viennent les môbedhSy les hérbedhs^ et divers prêtres qui ont des fonctions spéciales), surveillants (dastûr) et précepteurs (môghan-andarzbedh)[1]. L’état militaire consiste en cavaliers et en fantassins, chacune de ces deux classes ayant son rang et ses fonctions propres. L’état des secrétaires est divisé en écrivains, comptables, rédacteurs de jugements, de diplômes, de contrats, biographes, les médecins, les poètes et les astrologues faisant également part de cette catégorie. Le menu peuple enfin est composé des marchands, des cultivateurs, des négociants et de tous les autres corps de métier[2].

Chaque état a son chef, le clergé a son môbedhdn môbédhy les guerriers leur Êrân-spâhbedh (parfois un artêétârânsâlâr d’un rang supérieur à celui d’Êràn-spàhbedh), les secrétaires ont leur Êrân-dabîrbedh (autrement nommé dabtrân mehisf), le quatrième état son wâstriôëânsâlâr (autrement nommé wâsiri^bedh ou hutukhsbedh). Chaque chef a sous lui un contrôleur, chargé du recensement de son état, puis un inspecteur qui doit rechercher les revenus de chaque individu (son titre était peut-être hamarkâr)[3], enfin un instructeur „pour instruire chacun dès l’enfance dans un métier ou une science et le mettre en état de gagner tranquillement sa vie* (andarzbedh)[4].

Une autre division sociale des premiers temps de l’époque sassanide est sans doute un héritage de l’Etat parthe. Nous la trouvons dans l’inscription bilingue[5] d’Hàjiâbâd, où le roi Sâpûr I nous fait le récit de son fameux coup de flèche, tiré en présence des èathradhârdn (les princes de l’Empire), des vispuhrdn (les „fils des clans**), des wazurgân (les ^grands*") et des dzdtdn (les ^hommes libres" ou «nobles")[6]. La relation entre cette division qui ne comprend que les classesprivilégiées, et la division en états ne se laisse pas exactement définir; elle n’a pas toujours été la même. En somme, l’ordre des rangs était une chose très complexe,

  1. Voir chap. III, les notices sur „r£glise et la Justice**.
  2. Lettre de Tansar pp. 214 et 517—18.
  3. Quant aux uispuhràn hamcœkdr voir ci-dessous.
  4. Lettre de Tansar pp. 217-18 et 522.
  5. Ecrite en langue parthe (langue officielle de la période parthe) et en langue perse (pehlvi commun, langue de la nouvelle dynastie). Comp. les inscriptions cunéiformes des Achéménides qui sont composées en ancien perse, langue des Achéménides, et en outre dans les langues des deux grandes dynasties précédentes, c.-à-d. en anchanien et en babylonien. [Andréas].
  6. Sathradàrân est écrit avec une orthographe historique pour éahradhârân qui est une forme parthe: en dialecte perse on aurait dit ’éasadhârân, — De même uispuhrûriy représenté dans le texte par l’idéogramme araméen bar-baithâ-n, est la forme parthe (en perse: ^Dispusân); la forme vispuhr se trouve sur une pierre gravée {oli]9puhrê) et, comme adjectif, dans la grande inscription de Naqg-i-Rustam (vUpuhrakân)^ non masquée sous Tidéogramme sémitique, et elle est en outre assurée par un double emprunt en arménien, où l’on trouve sepuh et uaspur (la dernière forme dans le nom d’une province: Vaspurakan, comp. Tab. Nœld. p. 501) [Andréas]. Eu général, une quantité de formes parthes dans la langue perso-pehMe et néo-persane montrent Timportance de la période parthe pour l’évolution historique en Iran. — Vispuhr est le fils aîné du visbedh (chef de clan), et ce nom est devenu naturellement l’expression collective des possesseurs actuels et futurs des fiefs principaux, comprenant ainsi les visbedhs. Azâtàn, orthographe historique, à prononcer âzàdhdn.