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CHAPITRE I

La Population.

Dans le nouvel Empire, on retrouve la division sociale fondée sur les écritures saintes, mais ayant subi quelques changements[1]. A Torigine trois ou quatre états sont nommés. Une seule fois dans l'Avesta[2], les quatre suivants sont énumérés: 1, celui des prêtres (âthrava), 2. celui des guerriers (rathaéitô)^ 3. celui des agriculteurs (oâstryo fiuyôns), 4. celui des artisans (hûitis); partout ailleurs les deux dernières classes sont réunies en un seul état, le troisième, qui porte le nom de oâstrgo fSugôns[3].

Dans la littérature théologique pehlvie[4], l’ancienne division en quatre états est conservée, mais la vie pratique avait créé une nouvelle division en quatre, les secrétaires étant entrés comme le troisième état, tandis que les agriculteurs et les artisans faisaient le (luatrième. La division sociale s’étant ainsi accommodée à la situation politique, on a sous les Sassanides les quatre grands états suivants: 1. l’état ecclésiastique {âsrauân)^ 2. l’état des guerriers (art&târân), 3. la bureaucratie (dabtrân)^ 4. le peuple (les paysans, wâstriâsân, et les artisans ou bourgeois, hatukhiân)[5].

  1. Pour la connaissance des classes de la population et de leurs rapports entre elles, la ^lettre de Tansar, le grand hcrl>edh, au roi de Tabaristân", publiée et traduite par Darmesteter dans le J. A. (1894 I p. 210 sqq. et 513 sqq.) est de la dernière importance. Voyez rexcursus du livre présent, où j*ai essayé de démontrer que les renseignements que donne cette lettre sur les institutions de T Empire sassanide datent du temps de Khusrau 1.
  2. Yasna 19, 17.
  3. Vd. V, 28; XIII, 44; Ys. XI, 6; XIII, 3; Vsp. III, 2; Yt XIX, 7 etc.; vpir Bartholomae: Altiran. Wôrterbuch, article piétra. Dans la lecture des mots avestiques j’ai suivi Andréas.
  4. Mainyo-i-khard, chap. 31—32; 59.
  5. Lettre de Tansar p. 214 et 517—18. Darmesteter se demande à tort si la dénomination des secrétaires comme le troisième état n*est pas due à une confusion du traducteur (arabe ou persan). La chose est confirmée d’abord par un autre passage de la lettre (pp. 215 et 520), où il est dit qu’un homme appartenant au quatrième état pouvait, par excepUon, être élevé à un des autres états, s’il se distinguait par une dévotion éprouvée (caractère des prêtres) ou par la force et le courage (caractère des guerriers) on par le mérite, la mémoire (dans la traduction de Darmesteter moins correctement: nrhonneur**) et r Intelligence, qualités qu’on demanderait plutôt aux secrétaires qu’aux agriculteurs. Il s’accorde bien avec cela, que l’élection d’un roi était, selon la lettre de Tansar (p. 239 sqq. et 543 sqq.) aux mains du grand môbedh, du général en chef et du chef des secrétaires, c-à-d. des chefs des trois premiers états. Enfin Mas*ûdl, dans son Kitâb et-tanbîh wa’1-isrâf (éd. de Goeje p. 103) énumère les plus grands fonctionnaires de l’Empire sassanide à côté du wazurg-ftamàdhàr ou grand vézir: 1. le môbedh (chef des prêtres), 2. le spàhbedh (chef de l’armée), 3. le dabtrbedh (chef des secrétaires), 4. le hutukhibedh (chef des arUsans), appelé aussi wâstriàèbedh (chef des agriculteurs), ce qui s’accorde à merveille avec l’assertion de la lettre de Tansar.
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