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du grand rôle que joue le harem dans une cour orientale, les eunuques s’arrogeaient souvent une grande autorité et exerçaient une influence considérable sur les affaires d’Etat[1]. Quand le roi était en voyage, il était entouré d’une suite nombreuse de trabans et de gardes du corps[2]. Comme dans la période deé^1(bhéménides, c’était la coutume que quiconque était présenté au roi lui apportât des cadeaux[3]. Le trésor privé du roi et celui de l’Etat étaient identiques — comme toujours en Perse; le tribut des ^pays soumis*" rentrait dans le trésor royal, où d’énormes richesses étaient amassées[4].

II.
Le Zarathoustrisme avant ravènement des Sassanides.

Si nous essayons de nous faire une idée, d’après les inscriptions cunéiformes perses, de la vie religieuse sous les Âchéménides, l’image qui s’en présentera sera très incomplète. Nous verrons cependant qu’Âhura Mazda était le dieu suprême, nous trouvons des personnifications de puissances pernicieuses, surtout le drauga (le ^mensonge), correspondant au druj avestiqu^, démon qui a existé dans la foi aryenne déjà avant Zarathoustra. Nous ne trouverons pas le nom Anro Mainyuâ, ce qui peut être un hasard. Les inscriptions contiennent quelques expressions théologiques («la bonne voie"" etc.) qui rappellent la terminologie de l’Avesta. Mais à côté d’Âhura Mazda les dieux des clans ont leur rôle. Ce sont les dieux primitifs des Aryens qui continuent leur existence sous cette forme-là. Entre eux était le Mithra pré-zarathoustrien, qui entre dans le nom de personne Vahumisa[5] Dans l’inscription d’Artaxerxe II, Anahita et Mithra figurent pour la première fois à côté d’Ahura Mazda comme de grandes déités universelles, et ce Mithra-ci est le dieu bien connu du soleil et du pacte, qui, dans sa forme zarathoustrienne, vient de faire son entrée en Perse en compagnie d’Anahita.

Avec tout cela il ne me parait guère possible que le zarathoustrisme ait été la religion officielle pendant cette période. C’est un fait significatif, que l’on célébrait chaque année une fête appelée (xayoipovia. Il est vrai que le mage Gaumata, le faux Smerdes, périt plutôt comme un aventurier et un imposteur que comme un martyr de la religion, et ainsi il était bien naturel que les Achéménides et le peuple imbu de l’idée de la légitimité célébrassent l’anniversaire de son meurtre; mais en appelant

  1. ... Abdus ademptac virilitatis; non despectum id apud barbaros ultroque potentiam habct (Tac: Ann. VI, 31). Ce „non despectum" n’est pas pourtant à comprendre trop littéralement: certainement les eunuques n’ont jamais été considérés autrement que comme les esclaves du roi. Leur autorité était plus grande que leur estime.
  2. Flav. Philostr. I, 33.
  3. Ibld. I, 28.; Sënèque: Ep. 17.
  4. Flav. Philostr. I, 39.
  5. Misa est, selon M. Andréas, la véritable forme perse de Mithra.