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avait, tout compté, dix mille cavaliers composés partie de ses vassaux, partie de ses esclaves. "^ Le jour du combat il se montrait, bien fait et beau, à la tète de ses troupes, et ^d’une réputation de valeur qui s’accordait mal à sa beauté efféminée; car à la façon des Mèdes, il se fardait la figure et portait les cheveux partagés, tandis que les autres Parthes les portaient longs et hérissés, à la manière des Scythes, pour avoir Tair terribles"[1]. Il emmenait son harem et passait, pendant la campagne, ses nuits en débauche, se divertissant du vin, du chant, de la musique et de l'amour[2].

Quelque puissant qu’il fût, Sùrén fut la victime de la jalousie du roi. Quand le monarque avait affaire à un seul gentilhomme ou que les grands étaient désunis, il avait généralement le dessus. D’autre part, des coalitions de grands vassaux ont souvent institué et destitué un roi après l’autre. Si la royauté des Arsacides n’a jamais atteint la force et la stabilité de celle des Achéménides, elle était pourtant, pour la forme, toujours une despotie. Le pouvoir du roi n’était pas borné par des lois, et si les circonstances lui donnaient une position forte, il régnait avec tout l’arbitraire d’un potentat oriental. Le roi craignait surtout sa propre famille, car avec le respect inné et presque religieux de la légitimité propre aux Iraniens, les grands n’osaient pas risquer une lutte contre le monarque sans avoir un prétendant Arsacide à lui opposer. Aussi les rois parthes sévissaient-ils cruellement contre leur propre sang, mais le plus souvent en pure perte, car généralement les mécontents réussissaient à trouver quelque prince arsacide qui avait échappé au massacre, et qui était heureux de se venger des adversités soufiertes.

D’après la coutume orientale, le roi était inaccessible[3]. A tous les étrangers qui arrivent à une des grandes villes, on présente une statue d’or du roi, qu’il lui faut adorer[4]. Les {privilèges d’honneur réservés au grand roi étaient, entre autres, le droit de porter la tiare droite[5] et celui de se coucher dans un lit d’or, privilèges qu’Artaban III concéda, par exception, au roi vassal Izate d’Adiabène en récompense, parce qu’il l’avait aidé à regagner la couronne. Un trône d’or se trouvait au palais royal de Ctésiphon; il tomba aux mains de l’empereur Trajan en 115 ap. J.-C. Pour la chasse, le roi avait, comme dans la période achéménide, des ^paradis*" où l’on nourissait des lions, des ours et des panthères[6]. En conséquence

  1. Plutarque: Crassus XXI et XXIV. Par „les autres Parthes** il faut comprendre le gros de Tannée de Sûrên; car le raffinement «médique" a été commun^ sans doute, dans l’aristocratie. Sur leurs monnaies, les rois parthes se montrent, depuis Phraate II, les cheveux et la barbe élégamment frisés. Justin dit expressément en parlant des Parthes: Vestis olim sui moris; posteaquam accessere opes, ut Médis perlucida et fluida (XLI, 2). Pour le genre de vie des Parthes, on peut consulter Pline X, 50; XI, 26; 29; 53; Xll, 3; 17; XIV, 3; 22; Justin XLI, 3.
  2. Plut. Crassus XXXII.
  3. Prompti aditus, obvia comitas, ignotae Parthis virtutes (Tacite: Ann. II, 2).
  4. Flav. Philostr. 1, 27. Ici la ville est Babylone.
  5. La même coiffure avait été portée par les Achéménides. Dans les gi*andes occasions, le roi parthe portait - au lieu de la couronne murale des Achéménides — un diadème garni de perles, appelé par Herodian (V], 2) „le diadème double**.
  6. Flav. Philostr. I, 38.