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Ta investi de sa charge[1]. Des révoltes de princes et de gouverneurs étaient assez communes, mais pour oser usurper le titre de roi, il fallait appartenir à la famille régnante[2]. Il arrivait quelquefois, quand le roi était le plus fort, qu’il faisait exterminer des familles nobles qui lui paraissaient dangereuses[3]; et si c’était possible, il profitait de l’occasion pour retirer leurs fiefs et les joindre au domaine de la couronne[4]. Des luttes entre les grands n^étaient pas rares non plus. Parfois un chef des eunuques était assez puissant pour tyranniser les familles satrapales[5].

Un passage dans l’œuvre de Faustus de Byzance[6] contribue à mettre en lumière cet état de choses, la situation des grands moitié comme fonctionnaires royaux, moitié comme princes plus ou moins indépendants, et la base militaire de leur puissance, fondée sur l’organisation féodale de la société. Le roi arménien Khosrov II qui, ayant, au milieu du 4e siècle[7], une guerre acharnée avec les Perses, voulait se garantir d’une trahison de la part de ses grands — un tel cas venait d’avoir lieu —, donna la loi suivante: «Dorénavant les grands et les gouverneurs, maîtres et possesseurs des provinces, commandant une troupe de mille à dix mille hommes, seront obligés de rester auprès du roi et de former sa suite, et aucun d’eux ne devra se trouver dans l’armée royale". De cette manière, Khosrov réunissait toutes les troupes des anciennes familles à son armée, et l’armée royale ainsi créée fut placée sous le commandement de deux généraux à l’épreuve, les seuls grands seigneurs en qui il avait confiance. Il essaya ainsi de détruire tout d’un coup le féodalisme en Arménie, mais à ce qu’il parait, la loi est restée toutà-fait sans effet. Encore avant la mort de Khosrov, VaCê, le généralissime, un des deux hommes qui possédaient la confiance du roi, réunit les gouverneurs avec toutes leurs troupes pour les mener contre les Perses[8].

Pour revenir à l’Empire parthe, l’image que nous en fournissent les historiens classiques, ne diffère pas beaucoup de celle du royaume arménien. Le caractère saillant est l’antagonisme entre la noblesse féodale, qui est en même temps la noblesse de robe, et l’autorité du grand roi. Le type parfait d’un grand seigneur parthe est Sûrén, l’adversaire de Crassus, tel que Plutarque nous l’a dépeint. «En richesse, en noblesse et en gloire il était le premier après le roi, en valeur et en capacité le premier d’entre les Parthes, en taille et en beauté de corps, il n’avait pas d’égal. Quand il allait en campagne, il était accompagné de mille chameaux qui portaient son bagage, de deux cents chariots pour ses concubines, de mille cavaliers cuirassés et d’un plus grand nombre de soldats armés légèrement; car il

  1. Manuel le généralissime (Faust, de Byz., Langlois I p. 305).
  2. Sanatnik. qui est un Arsacide, prend le titre de roi; le grand bdeaslih Bakour également rebelle ne peut pas suivre Texemple, n’appartenant pas à la famille ix>yale (Moïse de Khor.. Langlois II p. 135).
  3. Moïse, Langlois II p. 148.
  4. Faust, de Byz., Langlois I p. 217.
  5. Id., Langlois I p. 250.
  6. Id. I p. 217.
  7. Avant la réorganisation du royaume par Arsak.
  8. Langlois I p. 220.