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Quant à l’ordre des rangs en Arménie, on trouve là encore un mélange de féodalisme et de bureaucratie. Chez Agathange[1], nous trouvons l’ordre suivant: 1. le prince de la maison d’Angel (gouverneur dans l’ouest de l’Arménie), 2. le prince d’Alznik’ (grand bdeaèkh), 3. le prince chef des eunuques, 4. le prince chef de la cavalerie {aspet celui qui met la couronne au roi, 5. le prince généralissime {sparapet chef des troupes arméniennes, 6. le prince de Korduk’, 7. le prince de Cop’k', 8. le prince du pays des Gargares, appelé le second bdeaèkh, 9. le prince de RStunik’, 10. le prince de Mokk’, 11. le prince de Siunik’, 12. le prince de Caudêk’ (Zaudêk’), 13. le prince d’Uti, 14. le prince préfet des cantons de Zaravand et de Hêr (dans la Persarménie), 15. le prince de la maison de Malkhaz (commandant des gardes du corps du roi), 16. le prince d’Ârcruni. Ailleurs[2] le même auteur mentionne comme les compagnons de voyage du roi les quatre «préfets de sa cour qu’on appelait bdeaâkh de la milice"[3], et après eux le grand prince d’Angel, le nCouronneur, le généralissime, les princes de Mokk’, de Siunik’, de Rètunik’ etc. Selon Faustus de Byzance[4], les quatre bdea§kh tiennent la première place et le premier coussin du palais du roi[5].

Faustus raconte[6] comment le roi Arâak (au milieu du 4« siècle ap. J.-C.) entreprend la réorganisation de son royaume après une période très agitée. Il nomme des marzbâns[7] pour les marches; la famille de Gnouni (celle qui avait été élevée au rang des gouverneurs en recevant la charge d’échanson de la main de Valarèak) est investie de la haute direction des affaires, et l’armée avec tout ce qui en dépend est confiée à la famille des Mamikon. «Les membres de ces deux maisons, ainsi que ceux de la noblesse qui venait après eux, décorés des titres de gouverneurs, obtinrent le droit de s’asseoir en présence du roi sur des coussins, de porter les insignes d’honneur sur leurs têtes, sans parler des chefs des grandes familles qui, en leur qualité de gouverneurs, étaient aussi admis au palais, à l’heure du repas, et occupaient neuf cents coussins parmi les convives. Un nombre considérable d’hommes de cour remplissaient leurs fonctions debout".

Si l’on compare ces renseignements et d’autres de la même espèce[8], on voit que la charge et le rang n’étaient pas toujours aussi fermement attachés à une même famille que la propriété foncière, et qu’un roi doué d’un caractère ferme a eu par là des moyens de dominer la noblesse. D’autre part, on a des exemples de ce qu’un grand dignitaire mourant a conféré de son chef tous ses droits à son fils et

  1. Langlois I p. 170.
  2. Langlois I p. 187.
  3. „Les quatre personnages les plus honorés du palais royal** selon le texte grec.
  4. Langlois I pp. 217—18.
  5. Voir l’endroit déjà mentionné de Marquart: Ërânsahr I p. 165 sqq., où la question des bdcagkh est savamment discutée.
  6. Langlois I p. 236.
  7. Commandants des marches, margraves, mot iranien.
  8. Entre autres les listes, datant d*une période postérieure, de Tordre des places à la table du roi, dans la „Vie de Saint Nerseb"" (Langlois II p. 25) et dans le document de Moscou (ibid. II pp. 26—27, note).