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famille des Arsacides, mais ne se transmet pas nécessairement de père en fils: les grands décident qui sera roi, et s’ils ne s’accordent pas, les partis se combattent les armes à la main, en élisant chacun son prince arsacide à lui.

Nous ne connaissons pas les relations entre les gouvernements de province royaux et les fiefs. On peut supposer, que les grands vassaux aient été souvent les gouverneurs dans les provinces où se trouvaient leurs fiefs principaux[1]. En tout cas, les gouvernements ont été aux mains de princes de la famille royale et de membres des six autres maisons privilégiées. Les gouvernements étaient pour la plupart beaucoup moins étendus que les anciennes satrapies, mais, d’autre part, les gouverneurs avaient une position plus indépendante que celle des satrapes achéméniens. Il paraît que non seulement les gouverneurs de famille royale ont porté le titre de rois (šâh) — ce qui a été toujours la coutume en Iran — mais que les 18 gouvernements ont été désignés comme des « royautés »[2]). Le mot « satrape » était connu dans la période parthe; la preuve en est que ce mot a été adopté en arménien sous la forme parthe (arm. šahap pour *šahrap correspondant à l’ancienne forme en iranien de l’ouest: khšathrapâvâ[3]; mais ce mot n’a pas été le titre commun des gouverneurs: les Arméniens, qui ont copié toutes les institutions politiques des Parthes, n’employent le titre de šahap que pour les gouverneurs d’un très petit nombre de provinces.

L’autorité politique des grands vassaux a trouvé son expression dans le conseil aristocratique qui met des bornes au pouvoir royal. Justin appelle[4] ce conseil « sénat », et nous savons qu’on prenait parmi ses membres les généraux et les gouverneurs[5], ce qui montre, que les gouvernements n’étaient pas des emplois héréditaires. Les membres du sénat se disaient les parents du grand roi, et ce conseil aura été composé par les princes de la famille royale et les grands seigneurs des six autres familles privilégiées; car parmi les généraux parthes nous trouvons souvent les noms de Sûrên et de Kârên; nous savons aussi que ces familles se considéraient comme des lignes collatérales de la maison royale. Nous trouvons en outre des notices[6] sur une autre assembléé qui aurait pris part au gouvernement de l’Etat, une assemblée « des sages et des mages », c’est-à-dire des astrologues et des représentants des différentes sectes religieuses à qui les Arsacides auraient demandé

  1. Peut-être n’est-ce pas un hasard que le pays d’origine de la dynastie, la Parthie (c’est-à-dire le territoire qui correspond à la satrapie achéménide de ce nom) est, pendant cette période, plus morcelée qu'aucune autre partie de l’Empire; selon Isidore de Characène, elle est partagée en six gouvernements. Un de ces six gouvernements, l’Hyrcanie, semble avoir été la principauté héréditaire de Gêv, dont le fils avec la sœur du roi Artaban III, Gotarxe, atteignit au trône. Ce Gêv a appartenu, sans doute, à une des premières maisons du royaume.
  2. Pline: Hist. nat. VI, 26.
  3. Gomp. le nom parthe Meherdate (Mihrdât) qui est le même que Mithridate (Mithradâta), ancienne forme du nord et du nord-ouest de l’Iran.
  4. XLII, 4, 1.
  5. Strabon XI chap. 9; Justin XLI, 2, 2 où Gutschmid lit probulorum ordo (== senatus, XLII, 4, l) au lieu de populorum ordo (voir l’article « Persia » dans l’Encycl. Brit.).
  6. strabon 1. c.

D. K. D. Vidensk. Selsk. Skr., 7. Raekke. historisk of filosofisk Afd. I. 1.

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