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Gaston, dans l’amour qu’il luy porte.
Ne met plus ailleurs son désir ;
Il n’en bouge, il couche à sa porte (1),
C’est tout son soin et son plaisir.
Il n’est jour ny nuit qu’il ne donne
Quelque aubade à cette mignonne.

Mais tant plus elle se chagrine
Plus on rit de l’ouir tonner,
Elle a beau faire la mutine
Tout cela n’est que façonner.
Je suis trompé si la rebelle
N’est mise à bas en despit d’elle (2).

Qu’elle fasse un peu la cruelle (3),
Le premier et le second jour,
Ce n’est pas chose fort nouvelle (4)
A qui sçait ce que c’est qu’amour :
La pluspart de celles qu’on ayme
Ne font-elles pas toutes de mesme ?
 
Tout ce que je trouve à redire,
C’est son peu de civilité
De se fascher, quand il l’admire,
Sans respecter sa qualité ;
Comme un autre, elle le repousse
Et n’en a pas la voix plus douce.
 
Cette beauté qui n’est commune
Avec son harnois endossé,
A deffendu sa demi-lune
Pour conserver son beau fossé,
Mais nos soins rendront inutilles
Les deffenses de cette fille.

Jamais une belle entreprise
Ne se voit sans difficulté
Rien ne s’estime ny se prise,

(1) Var. de l’imprimé : Il en brûle, il couche à sa porte

(2) Id. : Je suis trompé si la cruelle || N’est bien tost prise en dépit d’elle. Cette stance est la dernière du Ms.

(3) Var. de l’imprimé : Car de faire un peu la cruelle

(4) Id. : N’est pas chose bien nouvelle.