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LA FOURMI CHEZ LES CIGALES

Elle est sérieuse, bien sérieuse l’heure où le jeune homme, à la fin de ses études, cherche l’orientation de sa destinée. Les éducateurs, moralistes, pasteurs d’âmes du collège nous apprennent ce qu’est la vocation, cette voix mystérieuse d’en-haut, à laquelle il faut savoir obéir sous peine de fausser tout son avenir, pour la vie, même pour l’éternité. Qui ne se rappelle ces heures de méditation profonde où il a fallu pour chacun résoudre le problème de l’homme dont les données s’embrouillent dans les goûts et les rires de l’enfant ? Quand viennent encore s’y ajouter les idées préconçues, les désirs mal réservés, les reproches à demi-dissimulés des parents, cette heure n’est plus seulement sérieuse, elle devient l’une des plus tristes, quand elle ne se fait pas l’une des plus fatales de la vie.

L’étudiant d’Armagh connut toute l’acuité de cette misère. Ses parents, ignares et pauvres, en recherchant l’onéreux honneur de le tenir aux études classiques, s’étaient plu presque inconsciemment à