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L’ARRIVISTE

À la salle d’étude, où tous, les fervents des exercices physiques, les penseurs et les rieurs, s’en vont maintenant travailler jusqu’à six heures, les fronts se rassérènent sous l’effort de la pensée devenue momentanément plus sérieuse devant la tâche du lendemain. Cependant, d’ici de là, une œillade, un sourire vient rappeler l’algarade joyeuse, comme ces lueurs intermittentes qui clignotent à l’horizon, quelque temps après l’orage, sous l’effet attardé du fluide électrique resté dans l’air. Mais Eugène Guignard, lui, n’y pense plus. Il s’est mis sérieusement à son travail ; il est de ceux, encore trop rares au collège, qui marquent leurs journées, bonnes ou mauvaises, de ce qui se fait en classe et non pas durant les heures de récréation. Car c’est dans ces salles d’étude que le psychologue trouve un intéressant champ d’observation sur toute cette jeunesse qui accuse inconsciemment des tendances, des traits de caractère, des goûts, une mentalité, un tempérament si divers et si suggestifs de l’avenir d’un