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LE COUSIN D’AMÉRIQUE

man ou governor, au foyer familial ; il a su vivre enfin comme l’on vit en pleine éclosion de la liberté pratique, anglo-saxonne.

Toutefois, d’un tempérament complexe, il accusait quand même certaines qualités d’un cœur bien né que la bonne culture eût fait des plus généreux. Il le prouvera, par exemple, une première fois, au grand effarement édifié de tous les paroissiens, le jour où, descendant de sa superbe limousine, frappant aux Pignons-Rouges il demandera sans vaine jactance à embrasser sa bonne tante Pèlerin et son cousin Jean. Il y avait si longtemps que leur parenté s’était perdue là-bas qu’on ne savait plus compter sur aucune sympathie pratique des Dupin. Voir ces parents fortunés revenir à eux, braver généreusement le respect humain et l’inégalité du sort, accuser, — disons cela, — le meilleur côté peut-être de la mentalité américaine, devait produire un effet étrange sur l’esprit de ces deux pauvres, et sur la destinée de Jean.

Émile Dupin est un jeune homme instruit. Il termine des études médicales