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L’ŒIL DU PHARE

s’amusent et folâtrent au milieu du parterre fleuri, il y en a trois dont les ébats sont plus bruyants parce qu’ils trahissent chez eux une nervosité insolite. C’est demain que monsieur et madame Dupin partiront avec leur fils, leur fillette et l’aîné Charles-Émile Pèlerin, pour les conduire au Canada où l’on fera des études classiques et françaises.

— « Je regrette, Jean, dit Émile à son cousin, que tu ne puisses venir avec nous. Je n’ai pas oublié l’ineffable impression que je ressentis en rentrant au foyer, à mon retour d’Europe. J’aurais voulu t’en voir subir l’effet. Car, tu sais, ce n’est pas vrai ; la patrie, ce n’est pas l’endroit où l’on est bien, où l’on jouit des choses matérielles. Je l’ai bien senti, après la vie pourtant si heureuse que je faisais là-bas, quand j’ai revu ce milieu où j’ai commencé la vie. Et pourtant, ici, malgré les éléments de bonheur apparent qui nous entourent, nous sommes encore des « sans patrie ».

« Il avait raison, ton vieux curé de Saint-Germain, de se récrier contre l’apho-