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L’ŒIL DU PHARE

très intime de ce récent passé, en vaticinant ensuite un peu sur le prochain avenir.

— « Eh ! bien, Jean, puisque tu l’as quittée et y reviens, tu me le diras sincèrement, avons-nous au cœur un sentiment qui fait regretter la patrie ; qui la fait aimer davantage lorsqu’on y revient ? J’avais bien cru que tu me reviendrais aussi de Québec ; mais non, et quand Charles Després m’a dit ta fuite, j’ai éprouvé l’un des plus grands chagrins de ma vie. J’ai prié pour toi ; j’ai demandé à la Bonne Providence de t’avoir en sa sainte garde, mais dans mon cœur vexé j’ai aussi demandé à la Patrie de te faire souffrir un peu de son absence. Je te vois sourire ; ne l’aurais-tu pas quelque instant regrettée ?

— Remerciez la Providence qui m’a protégé. Remerciez aussi la Patrie qui vous a plus d’une fois donné raison. »

Le vieux prêtre se lève ; il s’exalte, rit, gesticule, reprend son sérieux ; Jean ne le reconnaît plus et l’écoute, ébahi, réciter des vers :