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L’ŒIL DU PHARE

mait à leur insu l’autorité de l’une et l’ingénuité de l’autre. La mère ne commandait plus à son fils, elle le consultait sur toute chose, inquiétudes lancinantes ou vétilles. Elle en faisait le confident de ses appréhensions et de ses espérances, comme de ses peines et de ses consolations ; des menus détails de ses ennuis, durant son absence, ou de son labeur rétribué qu’elle ne dédaignait pas d’aller offrir dans les habitations du voisinage.

De son côté, Jean avait à lui raconter ce que monsieur le curé voulait bien lui dire, ce qu’il avait fait lui-même au cours de toutes les longues heures qui l’avaient dérobé à sa vue.

Oh ! Jean, c’était son univers, à elle, pauvre femme seule et désolée ! L’horizon de son savoir et de ses affections ne pouvait plus dépasser désormais le rayon des courses quotidiennes du petit orphelin.

Plus tard, quand les bancs de neige qui encaissent les pignons rouges auront disparu, quand le renouveau de la nature appellera au dehors ceux qui vivent de la