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L’ŒIL DU PHARE

ceux qui s’emploient à la retenir, s’augmentent l’affluence et la compassion autour d’eux.

Et elles étaient là nombreuses, les bonnes villageoises, au verbe naguère encore peut-être ironique, s’apitoyant dans la prière et les larmes, aux dernières paroles, aux derniers regards de l’agonisante à l’adresse de son fils, lorsqu’un soir de fin d’été, sous les bénédictions finales et l’absolution du prêtre, à l’heure où le phare s’allumait au large, l’œil de la veuve Pèlerin s’éteignait.

Tour à tour fixée, dans un suprême effort, sur Jean que navrent les sanglots, sur Rose Després portant la croix rédemptrice à des lèvres exsangues, sur l’éclat du phare qui s’avive dans les ombres du dehors, la prunelle alanguie de la mourante une dernière fois s’anime d’une vision funèbre que veulent traduire ces mots entrecoupés des derniers râles : — « Ah !… la lumière !… Faut pas !… Faut jamais, mes enfants,… oublier la lumière…… éternelle » !

Prophétisez maintenant, monsieur le curé de Saint-Germain ! Vous en avez le