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L’ŒIL DU PHARE

la petite patrie dont le souvenir fait pleurer. Dans les villes industrielles et modernes, comme dans la France de Daudet, « Robin ne croit plus aux sortilèges ; mais il ne croit pas davantage à la patrie ». Ici vos montagnes à l’horizon, les rives du grand fleuve, vous permettent de regarder au loin et très loin sans voir l’étranger. Tous ceux que vous rencontrez sont d’une même et grande famille. Quand le soleil se couche derrière les Laurentides, il s’y retire grandiosement, comme un roi dans son alcôve, frangée d’or et d’orange. Mais là-bas, il s’affale en pâlissant, comme un soiffeur dans un buisson, sur des tuyaux de cheminées ou des champs de blé-d’Inde, et l’on ne saurait appeler ça une patrie. »

Ce coq-à-l’âne met fin à la conversation dans un éclat de rire général. On prend congé en se promettant bien de se revoir et de recommencer quelque part, durant ces jours de fêtes.

Les courses en raquettes à travers champs et collines, d’un attrait si nouveau pour Émile Dupin, d’autres en voiture traînante