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L’ŒIL DU PHARE

de cette aurore, sont de jeunes ménages, sans doute, qui s’en vont surprendre là-haut les bonnes gens, leur demander au saut du lit la bénédiction traditionnelle, avant d’aller offrir à Dieu dans la Communion Eucharistique les joies et les tristesses anticipées du nouvel an de leur vie chrétienne.

Émile et Hector qui n’ont plus sommeil s’entretiennent quelques instants, sérieux et attendris, de la sérénité de ces mœurs. Ils n’y contrediront pas, et puisque déjà des pas discrets annoncent le réveil de la maisonnée, ils viendront eux aussi surprendre la bonne tante Pèlerin et le cousin Jean, après une toilette sommaire, et leur souhaiter « la bonne année » dans un filial embrassement aussi pur qu’une bénédiction.

Ils croyaient s’amuser seulement dans la démonstration un peu tapageuse de sentiments factices ; mais ils provoquèrent en retour une cordialité si franche, une affection si visiblement reconnaissante et attendrie que plus d’une fois ils ne purent