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çais furent mis hors de combat et les canons de la batterie réduits à silence ; le Bienfaisant et le Marquis de Marloze durent se retirer vers le village sauvage, tandis que les Anglais s’avançaient jusqu’à la Pointe à Martin, sur la rive opposée, où ils souffrirent beaucoup du feu de quelques canons placés à fleur d’eau. Cependant, leur artillerie supérieure criblait les vaisseaux français ; un de ceux-ci fut poussé au rivage, près de la chapelle de Restigouche, tandis que le commandant de l’autre mettait le feu aux poudres, afin de l’empêcher de tomber aux mains des Anglais.

Resté maître du champ de bataille par la destruction de la flotte ennemie, Byron fit détruire un amas de cabanes, décoré du nom de Nouvelle-Rochelle, et situé sur la Pointe à Bourdon, à trois milles au-dessus du village de Restigouche. Pendant ce temps, les français et les sauvages se réfugiaient dans les bois. Cependant 350 Acadiens tombèrent aux mains des Anglais et furent conduits prisonniers à Halifax sur un navire commandé par un nommé MacKenzie.

« L’imagination se reporte-fortement, dit l’abbé Ferland de qui nous tenons ces détails, vers ces scènes animées et terribles, quand on se trouve sur le théâtre même de la lutte. Des vaisseaux des deux nations rivales se croisant, se fuyant, se rapprochant ; leurs longs pavillons qui flottent dans les airs et portent un défi à l’ennemi ; au milieu des broussailles du rivage, ces troupes grotesquement coiffées et habillés ; ces caps arides, surmontés du drapeau blanc et défendus par des pièces d’artillerie dont la gueule s’allonge hors des meurtrières pour vomir le feu et la mort ; ces nuages de fumée roulant sur les eaux et dérobant aux combattants la vue du ciel ; le craquement des mâts qui se brisent, les sifflements aigus du commandement ; le bruit de mousqueterie et du canon, les cris de la victoire, de la