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Cette pointe est à douze milles en bas de l’église de Ste-Anne de Restigouche, sur la rive nord de la baie. C’est un cap qui s’avance dans la baie et laisse, au nord-est, une grande échancrure, ou anse, qui se prolonge jusqu’à la Pointe Escumenac, l’espace de six milles. C’est là que la Baie des Chaleurs perd son nom pour prendre celui de Restigouche. Les Français, peu avant la conquête, avaient un camp militaire à Restigouche, comme en font foi les actes de baptêmes, de mariages et sépultures des Pères Récollets Étienne et Ambroise, conservés dans les archives de Carleton. Pour se protéger contre la poursuite des vaisseaux anglais, ils avaient établi une batterie de canons à la Pointe à Bourdon. Peu après la prise de Québec, en 1759, les Anglais, ayant appris par les sauvages que les Français avaient un camp à Restigouche, vinrent les en déloger.

Le capitaine Byron, probablement le célèbre navigateur, grand-père du poète de ce nom, s’avança avec les vaisseaux le Fame, le Dorsetshère, l’Achille, le Scarborough et le Repulse, pour attaquer la flotte française qu’il rencontra le 8 juillet à la Pointe-à-la-Garde. La flotte française était composée du Machault, de trente-deux canons, de l’Espérance, de trente, du Bienfaisant, de vingt-deux, du Marquis de Marloze, de dix-huit. Les Français, que l’arrivée des émigrés acadiens avaient renforcés, et aidés des sauvages, s’étaient préparés à recevoir chaudement l’ennemi ; leurs vaisseaux étaient protégés par la Pointe à la Batterie, où, plusieurs canons avaient été mis en position. Plus bas, à la Pointe à la Garde, d’où la vue s’étend jusqu’à l’embouchure du Restigouche, était un piquet de soldats qui avaient ordre de veiller sur le cours de la rivière et d’avertir de l’approche de la flotte anglaise.

Favorisés par un bon vent, les vaisseaux de Byron remontèrent sans obstacles jusqu’à la Pointe des Batteries, où une vive canonnade s’engagea. Deux bâtiments fran-