lui dis-je ; j’ai de la confuſion d’avoir offenſé
vos yeux par la vue d’un objet déshonnête.
Voilà, ſans doute, reprit-il, un grand mal, de
vous avoir vu piſſer ; ſachez qu’une choſe
ceſſe d’être déshonnête, ſitôt qu’elle eſt néceſſaire.
Chevaucher, boire, manger, dormir,
piſſer, &c. ſont des actions dont on ne ſauroit
ſe paſſer qu’en ceſſant de vivre, & par conſéquent
qui n’ont en elles-mêmes aucune image
de ſaleté. Je me remis d’abord au lit ſans rien
répondre, après m’être bien eſſuyée. Oronte
me jetta incontinent entre ſes bras & entre ſes
cuiſſes ; il me baiſoit, & me donnoit doucement
ſur les feſſes, tantôt d’une main, tantôt de
l’autre. Il me pria de manier ſon invention,
afin de l’exciter à un nouveau combat : je lui
obéis ; & dans fort peu de temps, je le vis
groſſir à vue d’œil, (la main d’une belle a une
vertu merveilleuſe pour cet effet.) Je vous veux
maintenant chevaucher, me dit-il, d’une nouvelle
maniere ; mettez votre cuiſſe gauche ſur
ma droite ; je le fis : il pouſſa fort rudement,
mais il ne put entrer à cauſe de notre ſituation
qui rendoit l’accès plus difficile. Il me fit lever
la cuiſſe gauche encore plus haut ; mais avec
tout cela, il ne put faire que la moitié du chemin ;
ce qui fit qu’étant fatiguée par cette poſ-
Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/99
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 87 )
F iv