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ſur mon corps. Quel remede alors pour me défendre ? je fus toute étonnée de me ſentir chargée d’un poids ſi lourd & ſi peſant ; il tenoit ſon inſtrument à pleine main, comme pour en arrêter les ſaillies ; & en ayant placé la pointe juſtement ſur les levres de ma partie, il ſe jetta à corps perdu ſur moi : mais il n’avança rien ; car les avenues étoient trop étroites pour recevoir du premier abord un ennemi ſi furieux. A la premiere & ſeconde ſecouſſe, il ne gagna pas un pouce de terrein ; à la troiſieme & la quatrieme, je ſentis que les eſprits de Priape s’exhaloient ; (tu ſais, Octavie, qu’on appelle eſprits de Priape, cette précieuſe ſemence que la nature a conſacrée à la génération & à la volupté) & comme ſi les cataractes de cette divine liqueur ſe fuſſent ouvertes, ils s’en fit une eſpece de déluge partout le dehors. Ce ne fut alors qu’une eſcarmouche, & non pas un véritable combat ; je ſouffris néanmoins de cuiſantes douleurs au-dedans de la partie, à cauſe des efforts violents & réitérés que faiſoit mon adverſaire pour ſe rendre maître de la place.

Octavie.

Pûtes-vous bien vous empêcher de crier ?

Tullie.

Le moyen de ſe taire ! je criois comme ſi l’on

m’eût