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lit, m’embraſſa ; & par milles petites careſſes, & les paroles les plus paſſionnées qu’il ſe put imaginer, il tâcha de m’animer au combat.

Octavie.

Mais quoi ! vous qui avez l’eſprit ſi joli & ſi agréable, ne diſiez-vous rien ? étiez-vous muette ? étiez-vous de pierre ?

Tullie.

Que voulois-tu que je fiſſe ? je ſoupirois au-lieu de parler ; je le repouſſois, un moment après je l’attirois, je fuyois, & je m’approchois : la pudeur qui me couvroit tout le viſage, étouffoit mes deſirs les plus amoureux, & en même temps les enflammoit ; & cette paſſion devenoit en moi plus violente, à meſure que j’en voulois arrêter les fureurs. Oronte ſentit donc que j’étois toute en feu malgré moi : Courage, ma chere Tullie, me diſoit-il amoureuſement, favoriſe-moi, & ne t’oppoſe pas à la jouiſſance de ma félicité, qui ne dépend que de toi ; ouvre toi-même ce petit palais, où eſt le trône des graces, des ris, des jeux les plus innocents ! Ma Déeſſe, diſoit-il, en ſouriant, voilà la clef, prenez-la vous-même ; mais je le refuſois. Qu’appréhendez-vous ? continuoit-il ; ſi vous êtes toute à moi, pour-