Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 57 )


te des douleurs que je ſouffrirois dans les premieres attaques qu’on devoit donner à ma virginité ; elle m’avoit appris ce que je devois faire de mon côté, ce que je devois dire, & elle n’avoit rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre notre plaiſir plus grand : enfin, je ſavois juſques aux moindres circonſtances d’une parfaite conjonction. Etant donc ſi bien préparée, j’attendois mon adverſaire, dans la réſolution de le bien recevoir, s’il avoit plus de force que moi ; je ne lui cédois point en courage : j’aurois ſeulement ſouhaité d’être délivrée d’une certaine pudeur, qui m’empêchoit de me ſervir d’abord de toute mon adreſſe.

Octavie.

Je ne m’étonne point que vous ayiez couché la nuit de vos noces toute nue avec Oronte : je ſais que ma mere en fait de même toutes les nuits avec mon pere.

Tullie.

Patience : modere un peu cette ardeur indiſcrete d’apprendre tout en un moment ; écoute-moi ſeulement : tu ſauras après tout au fond, je n’oublierai pas un ïota, & je te dirai chaque choſe par ſon ordre. Sitôt que ma mere ſe fut retirée, & qu’Oronte m’eut apperçue toute ſeule