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Tullie.

Après que ma mere m’eût déshabillée toute nue, elle me coucha ; elle mit ſous le chevet du lit, un linge fort blanc ; elle nous embraſſa enſuite, Oronte & moi, & lui dit de me donner un baiſer en ſa préſence. Ce procédé de ma mere me rendit toute confuſe ; après elle ſe retira, elle ferma la porte, & emporta la clef dans ſa chambre, où il y avoit beaucoup de nos parents, entre leſquels étoit ma chere Angélique.

Octavie.

Eſt-ce cette même Angélique dont vous m’avez parlé ſi ſouvent, qui étoit la meilleure de vos amies, & avec qui vous viviez dans la derniere confiance & familiarité ?

Tullie.

C’eſt elle-même ; ſi tu la connoiſſois, tu ſerois charmée comme moi de ſa beauté, de ſes manieres, & de ce certain je ne ſais quoi qui gagne tous les cœurs. Il y avoit quelques mois, quand on célébroit mes noces, qu’elle étoit mariée à Lorance ; c’eſt un jeune homme fort aimable pour les qualités du corps & de l’eſprit. Angélique m’avoit donc fort exactement inſtrui-